
— Al Greer
La répétition imaginaire d'un mouvement induit des réponses qui présentent de nombreuses similitudes avec leur exécution réelle, rappellent les deux chercheuses membres du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS). Ainsi, il suffit de s'imaginer faire de la marche rapide ou courir pour produire une élévation des battements cardiaques et du rythme respiratoire. L'imagerie médicale révèle également un chevauchement significatif des zones du cerveau activées lors de la répétition mentale d'un mouvement et lors de son exécution réelle. Enfin, le temps requis pour effectuer mentalement une série de mouvements ou un parcours à la marche est étroitement corrélé au temps qu'exige sa véritable exécution.
Cette approche de réadaptation pourrait servir de thérapie complémentaire pour traiter des patients aux prises avec divers types de problèmes, révèle la revue de littérature effectuée par les deux chercheuses. «On pense aux personnes qui ont subi un accident vasculaire cérébral, un traumatisme crânien ou un accident qui a forcé l'immobilisation d'un membre, souligne Francine Malouin. L'imagerie motrice pourrait aussi atténuer les douleurs aux membres fantômes chez les gens qui ont subi une amputation et même améliorer l'enchaînement des mouvements chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.»
Les images prises à l'aide d'appareils de tomographie par émission de positrons révèlent que le simple fait de penser à l'exécution de mouvements augmente la circulation sanguine dans certaines zones du cerveau et que ces zones sont pratiquement les mêmes que celles qui sont stimulées lors de l'exécution réelle des mouvements. «Ce sont surtout des circuits neuronaux qui interviennent dans la préparation des mouvements plutôt que lors de leur exécution», précise Francine Malouin.
Malgré les résultats encourageants obtenus jusqu'à maintenant, l'imagerie motrice tarde à faire sa niche en milieu clinique. Le flou entourant la façon optimale d'appliquer ce traitement (fréquence, intensité, seul ou sous la supervision directe d'un thérapeute, avec ou sans véritables mouvements intercalés) freine l'ardeur de ceux qui pourraient y avoir recours. «Je crois que les choses vont changer lorsque la recherche aura établi quels protocoles donnent les meilleurs résultats et que ces connaissances auront été transférées aux cliniciens par des ateliers ou des cours de formation continue. Il faudra probablement de cinq à dix ans avant d'y arriver», estime la professeure Malouin.