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La canneberge pourrait-elle nous protéger contre certains polluants emmagasinés dans notre corps? La chose semble possible, si on en juge par les conclusions d'une étude réalisée chez des souris par des chercheurs de la Faculté de médecine de l'Université Laval. Leurs travaux, publiés dans la revue Food and Chemical Toxicology, montrent que les polyphénols de la canneberge atténuent la hausse des concentrations sanguines de polluants organiques persistants (POP) qui accompagne une perte rapide de poids.
Omniprésents dans l'environnement, les POP se retrouvent dans certains aliments que nous consommons. Comme ils ont une grande affinité pour les graisses, ils s'accumulent dans nos tissus adipeux où ils peuvent demeurer inertes pendant des décennies. «Une perte rapide de poids, notamment à la suite d'un régime drastique ou d'une chirurgie bariatrique, favorise leur relargage dans l'organisme», souligne la première auteure de l'étude, la doctorante Béatrice Choi. Ils peuvent alors perturber le système hormonal et augmenter les risques de souffrir de certains cancers, de maladies cardiovasculaires ou de troubles du système reproducteur.
Afin de déterminer si les canneberges pouvaient réduire ces risques, les chercheurs ont soumis deux groupes de souris à une diète riche en graisses pendant 12 semaines. La moitié d'entre elles consommait une moulée dans laquelle les chercheurs avaient ajouté des concentrations prédéterminées de POP. Par la suite, ces souris ont été soumises, pendant quatre semaines, à un régime faible en graisses et dépourvu de POP. Pendant cette période, la moitié d'entre elles a ingéré quotidiennement un extrait commercial de canneberge.
Résultats? Les souris qui ont reçu l'extrait de canneberge ont perdu plus de poids et de masse grasse, mais leurs concentrations sanguines de POP n'étaient pas pour autant plus élevées que celles du groupe témoin. En fait, pour les 15 types de POP testés, les résultats tendaient même vers des concentrations plus faibles de ces polluants dans le groupe canneberge. «L'extrait de canneberge semble avoir eu un effet protecteur chez les souris. Notre hypothèse est que les POP libérés pendant le régime ont été davantage excrétés et que le microbiote intestinal est en cause», résume la doctorante.
— Béatrice Choi
En effet, le mécanisme responsable de cet effet protecteur ferait intervenir des bactéries intestinales. Les chercheurs ont observé une forte augmentation des bactéries du genre Parvibacter chez les souris qui ont reçu l'extrait de canneberge. «Ces bactéries appartiennent à une famille qui intervient dans l'élimination de composés exogènes du corps humain», rappelle l'étudiante-chercheuse.
Fait révélateur, les chercheurs ont noté que même la moulée dans laquelle ils n'avaient pas ajouté de POP en contenait en faibles concentrations. «Cette moulée est pourtant produite de façon rigoureuse à partir de composés de qualité. C'est dire à quel point ces polluants sont partout dans l'environnement», commente Béatrice Choi.
Les autres auteurs de l'étude sont Thibault Vincent-Varin, Philippe St-Pierre, Geneviève Pilon, Angelo Tremblay et André Marette. Ces chercheurs sont rattachés à la Faculté de médecine, à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels et au Centre de recherche de l'Institut universitaire en cardiologie et en pneumologie de Québec.