
«Tous les joueurs interviewés perçoivent comme des risques les pertes d’argent, la possibilité de développer une dépendance au jeu et l’isolement social pour ceux qui jouent sur Internet, explique Martin Bonneau. Mais ils ne se considèrent pas comme susceptibles d’avoir des problèmes avec le jeu. Toutefois, dans certains cas, la pratique du poker, parce qu’elle suscite l’inquiétude de l’entourage, peut être source de conflits.»
Les deux étudiants ont présenté les principaux résultats de leur recherche le jeudi 29 avril au pavillon La Laurentienne. Huit autres étudiantes et étudiants inscrits au Laboratoire ont présenté des résultats tirés de cinq rapports d’enquête.
Un jeu de hasard et d’habiletés
Certains des joueurs interviewés ne jouent qu’une fois ou deux par mois avec des amis. Ces rencontres se déroulent en privé et impliquent peu d’argent. Deux autres consacrent de 20 à 30 heures chaque semaine à jouer sur des sites Web consacrés au poker. D’autres jouent sur Internet sans argent, uniquement pour l’amour du jeu. «Ceux qui prennent le plus de risques sont ceux qui ont commencé à jouer avec des amis autour de 17 ou 18 ans, indique Martin Bonneau. Il y aussi ceux qui ont des difficultés dans leurs études, dont l’avenir apparaît incertain et qui voient le poker comme une occupation qui peut rapporter de l’argent. Enfin, il y a ceux dont la vie est satisfaisante, qui parient peu d’argent et qui jouent de façon occasionnelle.»
Des joueurs ont déclaré avoir des réflexes de prudence. «Ces joueurs, souligne Martin Bonneau, ont appris, plus jeunes, à jouer dans un milieu familial encadré, avec une figure d’autorité, où chacun ne misait que quelques dollars par soirée. À l’adolescence, lorsqu’ils ont joué avec des amis, ils ont conservé cette approche. Leurs mises ne dépassaient pas une certaine limite qu’ils jugeaient acceptable, même si leurs amis jouaient des sommes plus élevées.» Selon lui, la situation est toute autre chez ceux qui jouent le plus régulièrement et qui espèrent le plus gagner de l’argent. «Ces joueurs, poursuit-il, n’ont pas appris à jouer d’une autre façon. En plus, ils ont appris dans un milieu non contrôlé où régnait la compétitivité.»
Selon Martin Bonneau, les joueurs qui jouent le plus ont tendance à minimiser l’impact du hasard sur le déroulement des parties. Ils ont aussi tendance à renforcer leur rapport au jeu en en discutant couramment dans un groupe constitué de joueurs qui partagent leurs idées sur le poker.