À la pharmacie, devant la tablette des suppléments d'oméga-3, le visage des clients qui scrutent la composition des gélules est souvent perplexe. L'avalanche d'information sur les vertus des deux principaux oméga-3, le DHA et l'EPA, fait en sorte qu'on ne sait plus lequel est préférable à l'autre pour un problème donné. Si votre préoccupation première est d'abaisser la valeur de vos marqueurs d'inflammation systémique, les conclusions d'une étude présentée lors du congrès Nutrition 2020 de l'American Society for Nutrition vous simplifieront la vie. En effet, à ce chapitre, les deux oméga-3 se valent.
C'est le constat auquel arrivent des chercheurs de l'Université Laval, de l'Université Lyon 1 et de l'Université de Toronto au terme d'une méta-analyse qui repose sur 25 études regroupant plus de 1600 sujets. «Nous voulions préciser les effets respectifs du DHA et de l'EPA sur l'inflammation systémique, explique le responsable de l'étude, Benoît Lamarche. Ce type d'inflammation, aussi nommée de bas niveau ou sous-clinique, équivaut à des petits feux dispersés dans une forêt. S'ils s'amplifient, ils risquent d'allumer un brasier. Dans le corps humain, ça peut signifier des problèmes graves comme le diabète ou des maladies cardiovasculaires.»
Les chercheurs ont donc comparé l'effet de la prise de DHA ou d'EPA sur quatre marqueurs d'inflammation systémique: la protéine C-réactive, l'interleukine-6, le facteur de nécrose tumorale-alpha et l'adiponectine. Leurs conclusions? La première: les deux oméga-3 abaissent la valeur de ces marqueurs. La seconde: l'ampleur de cette réduction est comparable.
Cela dit, ces deux oméga-3 ont tout de même leurs forces respectives, précise le professeur Lamarche. Le DHA a des effets plus marqués sur les lipides sanguins, notamment les triglycérides, sur la pression artérielle et sur la cognition. Quant à l'EPA, il se démarque par ses effets sur la régulation de l'humeur. «Dans le passé, les études ont souvent été menées à l'aide d'une combinaison de DHA et d'EPA, rappelle le chercheur. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour départager leurs effets. Il n'est pas impossible que, dans certains cas, ces effets soient opposés et qu'ils s'annulent.»
En raison de la COVID-19, le congrès de l'American Society for Nutrition s'est déroulé en ligne du 1er au 4 juin. «Habituellement, le congrès attire entre 5000 et 6000 participants, signale Benoît Lamarche. Cette année, plus de 30 000 personnes se sont inscrites à l'événement, ce qui constitue un record.»
L'étude, qui sera bientôt publiée dans Advances in Nutrition, a été présentée par Cécile Vors, postdoctorante à l'Univesité Laval et à l'Université Lyon 1. Les autres chercheurs associés au projet sont Janie Allaire et Benoît Lamarche, de l'École de nutrition et de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l'Université Laval, et Sonia Blanco Mejia, Tauseef Khan et John Sievenpiper, de l'Université de Toronto.