
Les maisons de l'avenue Saint-Léandre, près de la rivière Saint-Charles, ont récemment subi les effets d'une inondation.
— <i>Le Soleil</i> / Erick Labbé
Consciente de cette nouvelle réalité, Catherine Dubois, détentrice d'un doctorat en architecture de l'Université Laval – dont les travaux ont été supervisés par André Potvin –, s'est penchée sur les solutions possibles face à ce phénomène. Son but: fournir des outils aux professionnels pour adapter les maisons et les bâtiments aux changements climatiques, en particulier dans les cas d'inondations dans les bassins versants ou en zones côtières. Certains des outils préconisés touchent directement le design et les méthodes de construction de la demeure, tandis que d'autres relèvent d'une démarche plus intégrée.
«Prévenir les inondations de quartiers résidentiels nécessite souvent de prendre des mesures dans l'ensemble du bassin versant, note cette professionnelle de recherche à l'École d'architecture. Cependant, l'information sur les zones à risque est encore déficiente. Beaucoup de cartes des zones inondables ne sont pas à jour ou sont difficiles à comprendre.» Au cours de son postdoctorat à l'Université de Toronto, Catherine Dubois a donc répertorié 73 solutions destinées aux architectes afin de mettre les maisons à l'épreuve des aléas climatiques. Cette démarche touche aussi bien les nouveaux projets que les bâtis existants.
Elle suggère, par exemple, de prévoir que le sous-sol du bâtiment pourrait être inondé, malgré toutes les précautions prises. Mieux vaut donc éviter d'y installer des équipements coûteux comme un cinéma maison ou des électroménagers. L'architecte de formation propose également d'opter pour un sol en béton ciré plutôt que pour un plancher en bois, beaucoup plus difficile à sécher. Elle applique également cette recommandation aux panneaux modulaires extérieurs recouvrant la partie inférieure de la façade, susceptible de baigner dans l'eau. Le recours à un revêtement en briques, plutôt qu'à un revêtement en bois, atténue davantage les dommages liés aux inondations. L'élévation de la maison sur pilotis peut également s'avérer une façon de réduire les méfaits en zones côtières, lorsque les vagues viennent frapper le bâtiment lors des tempêtes.
La recherche menée par Catherine Dubois vise aussi à rendre le bâti existant le plus autosuffisant possible. Améliorer le plus possible l'isolation des maisons rend la perte du système de chauffage moins dramatique. «Dès la construction, l'architecte peut augmenter l'autonomie et la résilience du projet résidentiel en intégrant des sources d'énergie complémentaires comme des panneaux solaires ou la géothermie, énonce la jeune femme. Une autre idée, c'est d'installer le réservoir d'eau au sous-sol pour éviter le gel.» Ces précautions ne sont pas anodines si l'on pense aux coupures régulières de la route 132 en Gaspésie – une route très proche du fleuve Saint-Laurent – qui rendent difficile l'accès à certains villages.
Adapter l'habitat aux changements climatiques ne suffit pas cependant, remarque cette architecte. «Nous devons changer nos habitudes de vie afin de diminuer notre contribution aux gaz à effet de serre, affirme-t-elle. Cela implique de choisir des matériaux plus locaux ou plus durables, de concevoir des bâtiments qui facilitent la vie des marcheurs et des cyclistes ainsi que de réduire la taille, en constante augmentation, des maisons individuelles.» Catherine Dubois projette de partager bientôt ces outils d'aide à la décision sur une plateforme Web.