Les médicaments utilisés actuellement pour traiter ou prévenir le cancer du sein ont tous certains inconvénients, explique-t-il après avoir passé en revue chacun de ces produits. Certains fragilisent les os alors que d’autres augmentent les risques de formation de caillots sanguins ou même de cancer. «Le seul médicament utilisé pour prévenir le cancer du sein, le tamoxifène, ne peut être utilisé pendant plus de cinq ans parce qu’il augmente les risques de cancer de l’utérus», précise le chercheur de la Faculté de médecine.
Des recherches entreprises en 1992 pour mettre au point un meilleur traitement préventif ont permis à l’équipe du professeur Labrie de synthétiser un anti-œstrogène, appelé acolbifène, qui produirait ses effets spécifiquement dans le sein et l’utérus, sans interférer avec les effets positifs des œstrogènes dans les autres parties du corps (métabolisme des os, du glucose et du tissu adipeux). Toutes les études de pharmacologie, de toxicologie et la première phase d’évaluation clinique de ce médicament ont été complétées. L’Institut national du cancer des États-Unis entreprend cet automne une étude de phase 2 pour tester l’efficacité de ce produit chez les femmes qui courent des risques élevés de cancer du sein.
De plus, le chercheur propose d’utiliser l’acolbifène, ou un produit de la même famille, en conjonction avec le DHEA, un précurseur d’hormones androgènes, pour faire d’une pierre deux coups: prévenir le cancer du sein et atténuer certains effets négatifs de la ménopause tels que la perte de masse osseuse et musculaire, l’atrophie vaginale, l’augmentation de masse adipeuse et de cholestérol sanguin ainsi que la résistance à l’insuline. «Le DHEA compenserait la perte d’androgènes qui survient à la ménopause sans effets secondaires importants, contrairement à l’hormonothérapie de remplacement qui augmente le risque de cancer du sein», affirme le chercheur.