
Le complexe de marais, de marécages et de tourbières boisées situé dans le secteur des méandres de la rivière Saint-Charles fait partie des milieux humides à valeur écologique très élevée de la ville de Québec, selon le modèle conçu par Roxane Lavoie et ses collaborateurs.
— Google Maps. Données: Google.
Pour concevoir cet outil, les trois collaborateurs ont réuni huit spécialistes des milieux humides à l'emploi du ministère de l'Environnement, du Développement durable et de la Lutte contre les changements climatiques, du Service de l'environnement de la Ville de Québec, de Canards illimités, de l'Organisme des bassins versants de la Capitale et de la Communauté métropolitaine de Québec. «L'objectif était de profiter de leur expertise variée et de leur perception respective des milieux humides pour arriver à une vision commune des critères qui déterminent la valeur écologique de ces milieux dans le contexte particulier de la ville de Québec», explique la professeure Lavoie.
Pour y arriver, les auteurs de l'étude ont fait appel à l'approche MACBETH (Measuring Attractiveness by a Categorical Based Evaluation Technique). «Il s'agit d'une méthode multicritère particulièrement utile pour arriver à un consensus lorsque les parties prenantes ont des intérêts différents, précise la chercheuse. Les experts ont participé à trois jours d'ateliers et les échanges ont permis d'établir la liste des critères qui contribuent à la valeur écologique d'un milieu humide ainsi que le poids relatif de chacun.»
Les critères retenus dans le modèle sont la superficie, la rareté, la fragmentation et la productivité du milieu, de même que la proportion du milieu à l'état naturel et la diversité de l'habitat. En appliquant leur modèle aux milieux humides de Québec, l'équipe de recherche a produit une carte, qui montre de grandes variations dans la valeur écologique de ces écosystèmes. Ainsi, 43% des milieux humides inventoriés sur le territoire de la ville ont une valeur écologique faible, alors que 12% ont une valeur écologique élevée ou très élevée. Parmi les milieux ayant la plus haute valeur, mentionnons la tourbière du chemin de Bélair, la tourbière du lac de la Savanne et le complexe de marais, de marécages et de tourbières boisées situé dans le secteur des méandres de la rivière Saint-Charles.
«Cet outil peut servir à deux fins, signale la professeure Lavoie. D'une part, les responsables de l'aménagement du territoire peuvent y faire appel pour prendre des décisions relatives à la protection des milieux humides. D'autre part, même s'il ne permet pas de décider s'il faut accepter ou non un projet de développement qui nécessiterait la destruction d'un milieu humide, l'outil peut faciliter ce choix. Par exemple, les décideurs pourraient convenir qu'un milieu humide dont la valeur est modérée, élevée ou très élevée doit être protégé.»
La force de ce modèle réside dans le fait qu'il reflète la valeur écologique des milieux humides dans un environnement et un contexte donnés. «Une tourbière de trois hectares à Québec n'a pas la même valeur écologique qu'une tourbière de même superficie dans une municipalité de la Côte-Nord», souligne Roxane Lavoie. L'envers de la médaille est que le modèle ne peut pas être transposé directement dans une autre ville. «Le modèle que nous avons développé pour Québec n'est pas exportable tel quel, mais la méthodologie l'est, assure la chercheuse. Il faut toutefois s'assurer de réunir autour de la table des experts dont la vision des milieux humides reflète bien l'ensemble des intérêts existants sur le territoire.»