
Certains patients attendent moins d'un mois avant de recevoir des services de physiothérapie dans le réseau public de santé, mais les cas jugés moins prioritaires peuvent rester plus d'un an sur les listes d'attente.
Cette équipe, dirigée par Kadija Perreault, du Département de réadaptation et du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS), a mené une enquête dans 97 hôpitaux du Québec offrant des services de physiothérapie à une clientèle ambulatoire nécessitant des soins pour des problèmes musculosquelettiques. Les réponses fournies par les personnes qui géraient les listes d'attente dans ces cliniques révèlent que la liste d'attente de chaque établissement compte en moyenne 192 personnes, ce qui porte le nombre total de patients en attente de services de physiothérapie à plus de 18 000 au Québec au moment de l'étude, en 2015.
«Il faut apporter certaines nuances à cette estimation, prévient la professeure Perreault. D'une part, il se peut que les listes ne soient pas à jour et que des personnes dont le nom figure sur ces listes depuis des mois n'aient plus besoin de services de physiothérapie. À l'inverse, il se peut que certains médecins, conscients de ces longs délais, ne réfèrent plus leurs patients au réseau public. S'ils le faisaient systématiquement, la liste pourrait être encore plus longue. Notre estimation suggère néanmoins que l'offre de services ne parvient pas à répondre à la demande.»
Les données de l'étude montrent qu'il faut s'armer de patience pour recevoir des services en physiothérapie dans le système public de santé. En effet, la durée médiane d'attente est, en moyenne, de 7,6 mois. «Certains patients attendent moins d'un mois avant de recevoir des services, mais les cas jugés moins prioritaires peuvent rester plus d'un an sur les listes d'attente, souligne la chercheuse. Les problèmes musculosquelettiques de ces patients risquent alors d'évoluer en condition chronique et d'exiger davantage de services, notamment des soins médicaux.»
Certains hôpitaux semblent avoir pris la mesure du problème, mais dans l'ensemble, la situation ne va pas en s'améliorant. Près de 57% des répondants disent que le nombre de patients référés à leur clinique externe a augmenté au cours des trois dernières années. Pendant la même période, 36% des cliniques externes de physiothérapie auraient subi des réductions de personnel. «Les besoins sont importants et la tendance ne va pas dans la direction d'une augmentation des ressources, observe Kadija Perreault, qui a elle-même été physiothérapeute dans le réseau public pendant 10 ans.
Il y a un problème grandissant d'accessibilité aux services de physiothérapie pour les personnes qui ne sont pas couvertes par une assurance et qui ont des revenus limités, constate la chercheuse. «Ce problème d'accessibilité soulève des questions d'équité et d'éthique. Dans plusieurs milieux, de plus en plus de personnes dont la condition requiert des services de physiothérapie n'ont pas accès à ces services dans des délais raisonnables. Cette question devrait faire partie des discussions entourant les services offerts dans le système public de santé au Québec.»
L'étude parue dans Disability and Rehabilitation est signée par Simon Deslauriers, Amélie Lavoie et Kadija Perreault, du Département de réadaptation et du CIRRIS, et par leurs collaborateurs de l'Université de Montréal, Marie-Hélène Raymond, Maude Laliberté, François Desmeules et Debbie E. Feldman.