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La pandémie de COVID-19 apporte à chacun son lot de soucis quotidiens. Imaginez lorsqu'à ces stress s'ajoutent les inquiétudes provoquées par un cancer du sein et par le délestage des soins et des services normalement offerts aux femmes qui en souffrent. Une équipe de recherche de l'Université Laval s'est penchée sur la question et elle livre ses constats dans un article qui vient de paraître dans la revue Current Oncology. On y apprend notamment que le report ou l'annulation de traitements, de tests, de visites médicales et de services d'aide et de soutien a généré considérablement d'inquiétudes chez ces patientes.
Véronique Massicotte, Hans Ivers et Josée Savard, de l'École de psychologie et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, ont interrogé 36 femmes qui avaient un cancer du sein sans métastase et qui avaient reçu ou qui recevaient encore des traitements de chimiothérapie entre le 28 avril et le 29 mai 2020. Les participantes ont rempli des questionnaires portant sur différents stresseurs liés à la pandémie de COVID-19, sur leurs inquiétudes, sur la qualité du sommeil, sur l'anxiété, sur leur état psychologique et sur la peur de récidive du cancer.
L'analyse des réponses révèle que 64% des participantes ont été exposées à au moins un stresseur lié à la COVID-19. La source de stress la plus fréquente est l'augmentation des responsabilités à la maison qui a touché 33% des répondantes.
«Une partie de ces femmes avait encore des enfants d'âge scolaire qui ont reçu leurs cours à distance lors du premier confinement, signale Josée Savard. De plus, elles ne pouvaient pas compter sur l'aide de parents ou d'amis pendant cette période, les visites étant déconseillées. Dans la population en général, il a été démontré que les femmes qui avaient des enfants d'âge scolaire durant le premier confinement ont vécu des niveaux élevés de détresse psychologique. Cette situation est susceptible d'avoir été encore plus difficile pour celles qui étaient traitées pour un cancer du sein, notamment en raison de la fatigue due aux traitements.»
— Josée Savard
D'autres stresseurs, moins fréquents, ont généré davantage d'inquiétudes. L'étude montre que:
19% ont eu de la difficulté à obtenir de l'aide ou du soutien social
19% ont eu des traitements reportés ou annulés
11% ont dû composer avec des changements dans leur trajectoire de soins
11% ont eu des tests médicaux annulés ou reportés
«L'annulation ou le report de traitements, d'examens, de visites médicales ou de services d'aide et de soutien est une source considérable d'inquiétudes qui peut affecter la santé psychologique des patientes, souligne la professeure Savard. Par exemple, elles peuvent craindre que la détection d'une récidive soit retardée par le fait qu'un suivi médical ait été annulé. Ces annulations ou reports peuvent aussi avoir une incidence réelle sur l'évolution ou la récidive du leur cancer. Ce que notre étude montre est qu'il faut éviter au maximum le délestage des soins et des services en oncologie.»