La première vague de la pandémie de COVID-19 vous a rendu insomniaque, anxieux ou déprimé? Si cela peut vous rassurer, vous n'êtes pas seul, loin de là. Une étude internationale qui vient de paraître dans la revue Sleep Medicine donne la mesure de la flambée de ces problèmes pendant cette éprouvante période.
Dirigée par le professeur Charles Morin de l'École de psychologie de l'Université Laval et du Centre de recherche CERVO, cette étude réunit des statistiques sur la prévalence de l'insomnie, de l'anxiété et de la dépression dans 13 pays répartis sur 4 continents, entre mai et août 2020. «Plusieurs études indépendantes réalisées en début de pandémie dans différents pays avaient rapporté des prévalences élevées d'insomnie, d'anxiété et de dépression. Ces prévalences étaient toutefois très variables parce que la méthodologie des études n'était pas uniforme», signale Charles Morin.
Afin de mieux décrire l'étendue et l'importance des répercussions de la pandémie sur la santé psychologique à travers le monde, le professeur Morin et ses collaborateurs ont adopté une méthodologie commune pour sonder la population de leur pays respectif. Leurs analyses, qui reposent sur les réponses fournies à un questionnaire Web par 22 330 adultes, suggèrent que pendant la première vague:
37% des répondants présentaient des symptômes d'insomnie et 17% souffraient d'insomnie
26% des répondants souffraient d'anxiété
23% souffraient de dépression.
Comparé aux pays asiatiques, le Brésil, le Canada, la Norvège, la Pologne, les États-Unis et le Royaume-Uni affichaient des prévalences nettement plus élevées de symptômes d'insomnie (40% contre 24%) et d'insomnie (25% contre 8%).
Le risque de souffrir d'insomnie était plus élevé chez les personnes qui avaient eu la COVID-19, qui avaient des ennuis financiers, qui étaient en confinement depuis au moins 4 semaines, qui vivaient seules ou dans un ménage comptant au moins 5 personnes.
«La prévalence des symptômes d'insomnie et d'insomnie rapportée en début de pandémie était au moins deux fois plus élevée que celle habituellement observée dans ces pays. Cet écart était encore plus grand au Brésil, au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis, analyse Charles Morin. La prévalence de l'anxiété et de la dépression était aussi nettement plus élevée qu'à l'habitude.»
Cette étude envoie un message clair aux responsables de la santé publique, poursuit le chercheur. «Il est normal que des événements traumatisants comme la pandémie de COVID-19 troublent le sommeil pendant quelques jours ou quelques semaines. Par contre, lorsque les problèmes subsistent pendant des mois, les séquelles peuvent être importantes. Il faut offrir des services pour aider les personnes qui ont développé des problèmes d'insomnie ou qui sont à risque d'en développer afin de réduire les effets à long terme de la pandémie.»