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Le nombre de gènes ayant une probabilité élevée d’être associés à l’apparition ou au développement du cancer du sein atteint maintenant 191. C’est ce que révèle une étude publiée cette semaine dans la revue Nature Genetics par une équipe dont font partie Jacques Simard, Jocelyne Chiquette et Arnaud Droit, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Cette publication est le fruit d'un projet international auquel sont associés des centaines de chercheurs provenant de 450 universités et hôpitaux universitaires. Le professeur Jacques Simard est l'un des cinq responsables de cette vaste étude qui repose sur l'analyse comparative du génome de 110 000 femmes ayant eu un cancer du sein et de 90 000 femmes en bonne santé.
Les variations génétiques qui influencent le risque de cancer du sein sont parfois situées dans les gènes eux-mêmes, mais le plus souvent ils se retrouvent à l'extérieur de ceux-ci, dans des régions du génome qui régulent à la hausse ou à la baisse l'expression des gènes. «Associer une variation génétique de ce type avec le gène qu'il régule constitue un défi de taille, mais nous y sommes parvenus en réalisant une cartographie fine de 150 régions du génome, signale le professeur Simard. Pour réaliser ce travail, il fallait disposer d’un échantillon de très grande taille. Sans la création de notre consortium, il n’aurait pas été possible d’y arriver.»
Les 191 gènes qui figurent sur la liste des suspects très probables touchent une multitude de fonctions. On y retrouve notamment des déclencheurs de cancer (cancer drivers), des facteurs de transcription, des gènes de développement, d'apoptose et du système immunitaire.
Les résultats de cette étude n'auront pas de répercussions immédiates sur le traitement de la maladie, reconnaît le professeur Simard. «Pour l’instant, ils nous permettent de mieux comprendre la biologie du cancer du sein. Mais, en déterminant quels gènes sont impliqués dans cette maladie, nous pouvons mieux cerner les mécanismes responsables de son apparition et de son évolution. Éventuellement, cela devrait nous aider à mieux traiter et peut-être même à mieux prévenir le cancer du sein.»
Le nombre sans cesse grandissant de gènes associés au cancer du sein ne risque-t-il pas de complexifier, voire de retarder, la mise au point de nouveaux traitements? «Une meilleure connaissance de la biologie du cancer du sein ne peut pas nous éloigner de meilleurs traitements, répond le professeur Simard. Le nombre élevé de gènes impliqués témoigne tout simplement de la complexité de ce cancer.»