Le confinement imposé en raison de la pandémie de COVID-19 a permis aux Québécois de découvrir que bien des oiseaux séjournent ou vivent tout près de chez eux. Entre le 3 avril et le 15 mai, les personnes inscrites au projet de science participative Des oiseaux à la maison ont observé 180 espèces sans quitter les limites de leur lieu de résidence.
L'organisme QuébecOiseaux a profité de la période de confinement pour inciter la population à découvrir, dans le respect des règles de confinement, l'abondance et la diversité des oiseaux qui nous entourent. Grâce à un appui financier des Fonds de recherche du Québec, l'organisme a invité les débutants et les ornithologues chevronnés à observer les oiseaux qui pointaient le bout de leur bec à proximité de leur domicile et à enregistrer leurs observations dans eBird. Cette base de données en ligne, alimentée par des observateurs de partout dans le monde, est utilisée pour des activités de recherche, de conservation et d'éducation.
Le bilan du projet Des oiseaux à la maison a été rendu public à la mi-juillet. Dans un rapport signé par Marie-Hélène Hachey, coordonnatrice des projets de science participative chez QuébecOiseaux, et par André Desrochers, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt, on apprend que les 780 personnes inscrites au programme ont soumis plus de 8000 listes d'oiseaux et qu'au total, 180 espèces ont été observées.
Comme on pouvait s'y attendre, la plupart des observations portent sur des oiseaux communs comme le Merle d'Amérique, l'Étourneau sansonnet, le Chardonneret jaune, le Carouge à épaulettes, le Cardinal rouge et la Mésange à tête noire. Toutefois, certains participants ont eu la chance de recevoir des visiteurs inhabituels comme l'Aigle royal, le Hibou des marais, le Grèbe esclavon, le Garrot d'Islande ou le Martinet ramoneur.
Toutes ces observations constituent «un apport non négligeable à la science ornithologique québécoise», estiment les auteurs du rapport. De plus, les participants ont non seulement découvert les oiseaux autour de chez eux, mais ils ont partagé leurs observations avec les autres personnes inscrites à ce projet durant une période où les interactions sociales étaient réduites. «Ainsi, Des oiseaux à la maison a rempli ses objectifs non seulement scientifiques, mais aussi humains», concluent-ils.
Une passion pandémique?
Certains participants se sont investis avec passion dans le projet. C'est le cas de Diane Robertson qui a cumulé 387 heures d'observation, soit une moyenne 9 heures par jour. Le plus grand nombre d'espèces rapportées par un participant? 79, un fait d'armes revendiqué par deux ornithologues amateurs aguerris, le professeur émérite de la Faculté de médecine, Nicholas Barden, et sa conjointe Lise Laflamme.
«Nous avons la chance de vivre dans un lieu exceptionnel en Estrie, souligne le professeur Barden. Notre terrain est bordé par un lac, un marais, une prairie et une forêt, ce qui nous permet de voir une grande diversité d'oiseaux. En plus, nous avons plusieurs mangeoires.»
Le professeur Barden pratique l'ornithologie depuis 25 ans. «Nous consacrons un peu de temps chaque jour à observer les oiseaux qui nous visitent, mais le projet de QuébecOiseaux nous a incités à en faire un peu plus qu'à l'habitude», reconnaît-il.
Soulignons que la pandémie semble avoir eu un effet tonique sur la pratique de l'ornithologie dans le monde, si on en juge par le niveau d'activité dans eBird. Ce dynamisme a été particulièrement marqué au Québec. En effet, le rapport nous apprend qu'à l'échelle de la planète, le nombre d'observateurs qui ont saisi des données dans eBird entre le 3 avril et le 15 mai 2020 a augmenté de 30% par rapport à la même période l'année dernière. Au Québec, cette hausse a été de 97%. Le projet Des oiseaux à la maison explique environ 17% de cette hausse.
Pour en savoir plus sur ce projet, consulter le rapport de QuébecOiseaux.
Pour visionner la présentation des résultats par Marie-Hélène Hachey et André Desrochers, rendez-vous au https://www.facebook.com/SciChefQC/videos/935318756934719/.