
Le Québec prévoit accueillir 45 000 immigrantes et immigrants permanents par année pour la période allant de 2026 à 2029.
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Le mardi 4 novembre, dans le cadre du dépôt de son budget, le gouvernement Carney a fait connaître son Plan des niveaux d’immigration 2026-2028. Deux jours plus tard, le gouvernement Legault a déposé la Planification de l’immigration au Québec pour la période 2026-2029. Adèle Garnier, professeure au Département de géographie et directrice du Centre de recherche Cultures-Arts-Sociétés (CELAT), commente quelques chiffres issus de ces planifications de l’immigration.
45 000
immigrantes et immigrants permanents par année au Québec pour la période allant de 2026 à 2029
«La province de Québec, indique Adèle Garnier, est celle qui a le plus d’autonomie dans la sélection des immigrants qui s’établissent sur son territoire. En effet, dans le cadre de l’Accord Canada-Québec de 1991, le gouvernement du Québec détermine les seuils annuels d’admission des immigrants permanents. Trois scénarios, tous de baisse de l’immigration permanente, avaient été soumis pour consultation publique: 25 000, 35 000 et 45 000 immigrants permanents par année. Par comparaison, 59 426 immigrants permanents ont été admis au Québec en 2024. Le gouvernement a justifié ses scénarios de baisse en argumentant que la capacité d’accueil du Québec est dépassée – surtout en raison de l’augmentation de l’immigration temporaire, mais en n’excluant pas l’immigration permanente. Lors des consultations publiques à l’Assemblée nationale, des universités, des employeurs, des syndicats, et des organismes communautaires ont plaidé contre une baisse importante de l’immigration permanente. Le gouvernement a finalement choisi le scénario de la baisse du seuil la moins importante.»
77%
des immigrantes et immigrants permanents au Québec doivent avoir une connaissance du français en 2027
«Le gouvernement du Québec, ajoute la professeure Garnier, ne fixe pas seulement les seuils annuels de l’immigration. Il détermine aussi les caractéristiques que doivent avoir les immigrants qui souhaitent être admis. La maîtrise du français est un critère essentiel pour être admis comme immigrant permanent économique au Québec, alors que le gouvernement entend soutenir la vitalité et la pérennité du français au Québec. Le gouvernement vise un taux de maîtrise du français de 77% parmi tous les immigrants permanents en 2027, un taux en constante augmentation ces dernières années. Se pose cependant la question de la francisation des immigrants qui ne maîtrisent pas encore le français alors que plusieurs organismes reprochent au gouvernement des coupes budgétaires et d’effectifs dans ce domaine.»
110 000
titulaires de permis d’études dans le Programme des étudiants étrangers (PEE) au Québec, mais plus aucune personne admise par le Programme de l’expérience québécoise
«Alors que des seuils d’immigration permanente sont fixés depuis longtemps au Québec et au Canada, les seuils d’immigration temporaire sont fixés pour la première fois cette année au Québec et seulement depuis 2024 au fédéral. Les titulaires de permis d’études – donc les étudiants de l’international – constituent l’une des principales catégories de l’immigration temporaire. Aussi bien le gouvernement fédéral que le gouvernement québécois ont, depuis l’an dernier, annoncé de fortes baisses d’émission de permis d’études. En 2025, la baisse est beaucoup plus forte au niveau fédéral qu’au Québec. Cependant, les baisses depuis 2024 se font sentir dans les universités et les cégeps. Par ailleurs, le plan d’immigration du gouvernement du Québec abolit un programme de résidence permanente post-diplôme qui était très populaire chez les étudiants de l’international: le Programme de l’expérience québécoise (PEQ). Les diplômés des universités québécoises qui souhaitent obtenir la résidence permanente doivent maintenant faire une demande dans les programmes "classiques" contingentés de la résidence permanente économique. Les recherches scientifiques avaient pourtant montré la très bonne intégration économique, en plus de l’excellente maîtrise du français, des titulaires du PEQ», souligne Adèle Garnier.
8%
de l’immigration permanente au Canada réservée à la réinstallation des réfugiés en 2026, moins de 2% au Québec
«Le Canada et le Québec sont traditionnellement des chefs de file de la réinstallation des réfugiés. La réinstallation est un programme d’immigration permanente qui offre une protection humanitaire durable à des réfugiés qui résident dans des situations précaires. Au Canada et au Québec, elle inclut la réinstallation soutenue par le gouvernement et un programme de parrainage collectif par des organismes de la société civile. Le plan d’immigration fédéral et, encore plus fortement, le plan d’immigration du Québec annoncent une baisse historique de la réinstallation de réfugiés. De nombreux organismes d’accueil et de défense des droits des réfugiés soulignent que cette baisse va allonger le temps d’attente des réfugiés avant leur réinstallation au Canada, mais aussi mettre en péril la pérennité financière des organismes de soutien à l’accueil des réfugiés réinstallés. La diminution de la réinstallation par le Québec et le Canada signifie aussi une réduction de l’espace de protection humanitaire au niveau mondial, alors que de plus en plus de personnes fuyant les conflits ont de moins en moins accès à une protection durable», conclut la professeure Garnier.
Adèle Garnier a récemment publié l'ouvrage La migration forcée au Canada, qu'elle codirige avec Sarah Dubuc et Christina Clark-Kazak. Il est disponible en libre accès.
Consulter la Planification de l'immigration au Québec pour la période 2026-2029
Consulter le Plan des niveaux d’immigration du Canada 2026-2028
Propos recueillis par Manon Plante






















