27 octobre 2025
Les mères diabétiques devraient-elles s'abstenir d'allaiter lorsque leur taux de sucre est élevé?
Une étude menée chez des femmes ayant un diabète de type 1 suggère que la glycémie des mères avant le boire ne devrait pas influencer leur décision d'allaiter

Le glucose et le fructose sont très peu abondants dans le lait humain. Cela expliquerait pourquoi la glycémie des mères a des répercussions mineures sur la composition globale de leur lait.
— GettyImages/Miodrag Ignjatovic
On sait que les bébés dont l'alimentation est riche en glucose ou en fructose courent plus de risque de devenir obèses ou de souffrir des maladies métaboliques plus tard dans leur vie. Compte tenu de ce risque, les mères diabétiques devraient-elles s'abstenir d'allaiter quand leur taux de glucose (glycémie) est élevé? Non, suggère une étude publiée dans la revue Diabetes Care par des chercheuses canadiennes dont Patricia Lemieux, professeure à la Faculté de médecine de l'Université Laval et chercheuse au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Pour réaliser cette étude, les chercheuses ont reçu le concours de 11 mères atteintes de diabète de type 1. Les participantes ont accepté de fournir au moins un échantillon de lait à 3 moments soit 6, 12 et 24 semaines après la naissance de leur enfant. Ce lait, récolté au milieu du boire dans un contenant stérile, était congelé et subséquemment analysé en laboratoire. De plus, afin de déterminer la quantité de lait ingéré par leur enfant, les mères devaient le peser avant et après le boire à l'aide d'une balance électronique. Enfin, elles devaient porter un appareil qui enregistrait, en continu, leur taux de glucose sanguin.
L'analyse de ces données a livré plusieurs enseignements intéressants. D'abord, la glycémie des mères mesurée entre 90 et 120 minutes avant le boire est corrélée à la teneur en glucose et en fructose de leur lait. Par contre, elle n'est pas corrélée à la concentration d'autres composantes importantes du lait, entre autres le lactose, qui représente 85% de tous les sucres du lait humain, les protéines et les acides gras libres. De plus, la glycémie de la mère n'était pas corrélée au taux de leptine (une hormone qui régule l'appétit) dans le lait ni à la quantité de lait ingérée par l'enfant.
«Le glucose et le fructose sont très peu abondants dans le lait humain. En guise de comparaison, la concentration de lactose est 100 fois plus élevée que celle du glucose, rappelle Patricia Lemieux. Pour les femmes qui gèrent bien leur diabète, la décision d'allaiter ne devrait pas être influencée par leur glycémie.»
Le diabète de type 1 représente environ 10% de tous les cas de diabète. Au Canada, on estime qu'environ 150 000 femmes vivent avec le diabète de type 1. Est-ce que les conclusions de l'étude valent également pour les femmes ayant un diabète de type 2?
«Notre étude ne permet pas de répondre à cette question parce qu'il y a plusieurs autres éléments à considérer avec le diabète de type 2, souligne la professeure Lemieux. Par contre, les plus récentes lignes directrices de Diabète Canada recommandent l'allaitement chez toute patiente diabétique.»
L'étude parue dans Diabetes Care a été dirigée par Lois Donovan, professeure à l'Université de Calgary. Patricia Lemieux compte au nombre des neuf signataires de l'étude.

























