10 octobre 2025
La Fondation J.-Louis Lévesque: un engagement renouvelé pour la recherche en santé
Le deuxième Symposium Suzanne Lévesque a permis de mettre en lumière les retombées de 30 ans de soutien en périnatalogie, soins palliatifs, virologie moléculaire et génomique à l'Université Laval

De gauche à droite: Miriam Pozza, fiduciaire de la Fondation J.-Louis Lévesque, le professeur Emmanuel Bujold, Marie Arsenault, doyenne de la Faculté de médecine, Jean Turmel, fiduciaire de la Fondation, Josée Darche, vice-présidente et directrice générale de la Fondation, Yanick Pagé, président de la Fondation, Caroline Girard, cheffe de la Direction de la philanthropie et des relations avec les diplômées et diplômés, Eugénie Brouillet, vice-rectrice à la recherche, à la création et à l’innovation, la professeure Amélie Fradet-Turcotte, Marie-Josée Hébert, fiduciaire de la Fondation, et la professeure Lyne Gauthier
— Jérôme Bourgoin
Le 9 octobre a eu lieu la seconde édition du Symposium Suzanne Lévesque, créé en 2024 par la Fondation J.-Louis Lévesque, au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval (CRCHUL). Cet événement a été l'occasion pour Yanick Pagé, président de la Fondation, Josée Darche, vice-présidente et directrice générale, et les membres de la Fondation d'échanger avec les chercheuses et chercheurs qu'ils financent sur les retombées concrètes de leurs travaux et sur les enjeux scientifiques de demain.
La philanthropie au service du bien commun
Depuis sa création en 1961 par l'homme d'affaires Jean-Louis Lévesque, la Fondation J.-Louis Lévesque soutient les établissements de santé et d'enseignement, ainsi que les avancées d'universités québécoises et canadiennes, de centres et d'instituts de recherche pour le bien de la société et des générations futures.
La Fondation a offert un montant de près de 1,5 million$ à la Faculté de médecine de l'Université Laval en 1997. Ce don a permis la création de la Chaire Jeanne-et-Jean-Louis-Lévesque en périnatalogie, aujourd'hui piloté par le professeur Emmanuel Bujold. En 2013, la Fondation apporte son soutien aux travaux de la professeure Lynn Gauthier, qui déploie sa recherche au sein de la Chaire de recherche en soins palliatifs depuis 2016. Puis en 2017, la Fondation contribue à l'avancement des travaux de la professeure Amélie Fradet-Turcotte, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en virologie moléculaire et instabilité génomique.
Avec ces dons d'envergure atteignant plus de 6,5 millions$ depuis près de 30 ans, la Fondation, membre des programmes philanthropiques Les Cent-Associés et Le Cercle du savoir collectif, démontre son engagement indéfectible envers ces trois chercheurs pour propulser leurs avancées médicales.
Sous l'impulsion de feu Suzanne Lévesque, fille de J.-Louis Lévesque, qui a été directrice générale puis présidente de la Fondation, un modèle distinct de philanthropie s'est affirmé, misant sur la liberté scientifique, le partenariat et le partage entre chercheuses et chercheurs. C'est dans cet esprit qu'a été lancé le symposium portant son nom l'an dernier.
«La philanthropie universitaire, lorsqu'elle est portée par des partenaires comme la Fondation J-Louis Lévesque, devient un véritable moteur de transformation. Elle permet de soutenir des projets visionnaires, de créer des ponts entre les disciplines et les établissements et, surtout, de rapprocher la science des gens», a souligné Caroline Girard, cheffe de la philanthropie et des relations avec les diplômées et diplômés, lors du symposium.
«Ce type de partenariat est au cœur de notre vision stratégique: une recherche audacieuse, collaborative et porteuse d'impact. Il incarne ce que nous souhaitons bâtir collectivement: une société où la science est au service du bien commun», a témoigné pour sa part Eugénie Brouillet, vice-rectrice à la recherche, à la création et à l'innovation.
Des avancées prometteuses en périnatalogie
Unique au Canada, la Chaire Jeanne-et-Jean-Louis-Lévesque en périnatalogie s'intéresse autant à la santé de la mère qu'à celle de son bébé pendant la grossesse. Sous le leadership d'Emmanuel Bujold – professeur au Département d'obstétrique, de gynécologie et de reproduction de la Faculté de médecine et chercheur clinicien au CRCHUL –, elle se penche entre autres sur la prédiction et la prévention de la prééclampsie et à la détection précoce du retard de croissance fœtale.
La prééclampsie, soit une tension artérielle élevée à la fin de la grossesse, peut entraîner des complications comme l'hospitalisation et l'accouchement prématuré chez les femmes à risque.
La prévention primaire est au cœur du projet Prévention, qui vise à mesurer l'impact d'un dépistage systématique au premier trimestre. Le professeur Bujold se réjouit des résultats observés: «le projet permet de démontrer qu'en une seule visite de routine, nous pouvons récolter une multitude d'informations permettant d'identifier les patientes à risque de complications graves. Au cours de cette même visite, la mère est informée des risques et nous pouvons proposer des interventions appropriées visant à réduire de façon significative la prématurité.»
Combinée à une saine hygiène de vie et à une activité physique régulière, la détection précoce pourrait réduire la prééclampsie et le retard fœtal.
Ces travaux prometteurs pavent la voie vers l'amélioration de la santé maternelle et infantile.
Des retombées concrètes en soins palliatifs
Dirigée par Lynn Gauthier, professeure au Département de médecine de famille et de médecine d'urgence, chercheuse au CRCHUL ainsi qu'au Centre de recherche sur le cancer de l'Université Laval, la Chaire de recherche en soins palliatifs de l'Université Laval vise à soutenir le développement de la recherche, de l'enseignement et de la formation professionnelle continue en soins palliatifs. L'objectif est de générer de nouvelles connaissances et d'améliorer la qualité des soins offerts aux personnes atteintes de cancer et autres maladies chroniques avancées et terminales.
Au cours des dernières années, la chaire a notamment permis de soutenir des projets de recherche en psycho-oncologie et elle a contribué à la mise sur pied de l'Institut de soins palliatifs et de fin de vie Michel Sarrazin-Université Laval.
Elle a également appuyé le programme de recherche de la titulaire portant sur la douleur cancéreuse tout au long de la vie adulte et à travers différents stades de la maladie. En collaboration avec des personnes patientes et de proches partenaires, ces travaux ont mené à la création d'une intervention novatrice en réadaptation pour la douleur liée au cancer et à l'élaboration d'un référentiel de compétences en gestion de la douleur cancéreuse pour les médecins.
Grâce à une équipe engagée, elle a également favorisé la démocratisation et le partage des connaissances auprès du grand public, notamment par un programme d'été en communication en santé. Ce programme a stimulé de nouvelles collaborations entre des équipes de recherche, dont celle de la professeure Amélie Fradet-Turcotte, et de membres de la communauté, catalysant ainsi la cocréation d'un laboratoire vivant en oncologie et soins de soutien au Centre intégré de cancérologie. «L'objectif est d'assurer un impact sociétal en favorisant l'engagement de toute la communauté», souligne Lynn Gauthier.
Des découvertes clés en virologie moléculaire et en génomique
Sous la direction d'Amélie Fradet-Turcotte, professeure au Département de biologie moléculaire, de biochimie médicale et de pathologie et chercheuse au CRCHUL, la Chaire de recherche du Canada en virologie moléculaire et instabilité génomique s'intéresse aux mécanismes cellulaires qui assurent la stabilité du génome et à l'impact des infections virales sur ces processus.
Les travaux de son équipe visent à comprendre comment les interactions hôte-pathogène entre les oncovirus, tels que le virus du papillome humain (VPH), contribuent au développement de cancers, et comment ces connaissances peuvent être exploitées pour concevoir des approches thérapeutiques ciblées.
Les recherches ont montré comment certains virus arrivent à manipuler les mécanismes qui protègent l'ADN. Par exemple, l'équipe a découvert que le virus de l'herpès humain 6B (HHV-6B) utilise cette stratégie pour se multiplier dans les cellules qu'il infecte. Après l'infection, ce virus bloque les systèmes de défense qui normalement protègent l'ADN. Cela lui permet de passer inaperçu dans la cellule et, en même temps, augmente le risque que la cellule accumule des mutations.
Les travaux menés par son équipe ont également permis d'identifier de nouveaux acteurs clés dans la protection de l'ADN. «Une régulation inappropriée de ces facteurs favorise l'accumulation de dommages dans les cellules cancéreuses, les rendant plus sensibles à certains traitements de chimiothérapie», explique-t-elle.
Ces découvertes sont porteuses pour l'avenir puisqu'elles pourraient permettre de concevoir de nouveaux traitements plus ciblés pour les cancers causés par les virus oncogéniques, notamment ceux du col de l'utérus et de la tête et du cou.




















