
Près de 50% des personnes répondantes âgées de 18 à 34 ans perçoivent les personnalités politiques canadiennes comme une menace en matière d’informations trompeuses.
— Elias DJEMIL
Les Canadiennes et Canadiens de 18-34 ans se montrent plus critiques envers les actrices et acteurs politiques qu'envers les personnalités en ligne lorsqu'il est question de désinformation. C'est ce que révèle le Digital News Report 2025, une enquête internationale menée dans 48 pays et dont le Centre d'études sur les médias est le partenaire canadien.
Selon les données recueillies en janvier et février 2025, près de 50% des personnes répondantes âgées de 18 à 34 ans perçoivent les personnalités politiques canadiennes comme une menace en matière d'informations trompeuses. Les influenceuses et influenceurs suivent de près, avec 43%. Chez les 35 ans et plus, la tendance change alors que 58% des répondantes et répondants montrent de l'inquiétude face aux personnalités en ligne.
Cette divergence générationnelle s'expliquerait notamment par des habitudes de consommation médiatique différentes. «Les plus jeunes n'ont pas été habitués à consommer des médias d'information, du traditionnel. Ils ont grandi dans un environnement de réseaux sociaux, donc pour eux ça apparaît plus normal», indique Colette Brin, professeure au Département d'information et de communication et directrice du Centre d'études sur les médias.
Les plateformes numériques font également partie des préoccupations. Facebook est le canal nommé par le plus grand nombre de répondantes et de répondants au Canada comme une menace considérable en matière d'informations fausses ou trompeuses. Il est suivi de près par TikTok. Autre écart générationnel: lorsqu'ils cherchent à confirmer la véracité d'une information suspecte, 23% des jeunes adultes se tournent vers les réseaux sociaux, comparativement à seulement 7% des 35 ans et plus.
Le rapport s'intéresse aussi à la perception de l'intelligence artificielle (IA) dans la production des nouvelles. Les 18-34 ans tendent à être plus favorables à son utilisation. Une étude récente de l'OBVIA avait d'ailleurs montré que les jeunes journalistes sont également plus à l'aise avec l'IA.
Différence entre francophones et anglophones
En plus des différences selon l'âge, le rapport met en lumière des divergences chez les francophones et les anglophones. Les personnalités politiques canadiennes sont considérées comme des menaces de désinformation par 53% des répondantes et répondants anglophones contre 26% chez les francophones.
Colette Brin rappelle que les données ont été recueillies en janvier et février 2025, dans le contexte de la guerre des tarifs et en période préélectorale. «Au Canada anglais, on est peut-être plus dans un contexte de forte polarisation, par exemple entre les conservateurs et les libéraux. Alors qu'au Québec, on est peut-être un peu moins confronté à ça», suggère-t-elle.
Elle remarque une même divergence en ce qui a trait à la confiance envers les gouvernements étrangers ou les partis politiques d'autres pays. «Les anglophones consomment beaucoup plus de médias étrangers anglophones. Alors que les francophones ont tendance à consommer plus des médias d'ici», ajoute la professeure Brin.