23 avril 2025
L'Université Laval, la Ville de Québec et Québec International s'unissent pour attirer les scientifiques de l'international
Un appel est lancé aux gouvernements pour soutenir cette initiative collective de faire connaître la Capitale-Nationale comme un pôle de recherche et d'innovation

La rectrice Sophie D'Amours, le maire de Québec, Bruno Marchand, et le président-directeur général de Québec International, Carl Viel
— Université Laval, Yan Doublet
La rectrice de l'Université Laval, Sophie D'Amours, le maire de Québec, Bruno Marchand, et le président-directeur général de Québec International, Carl Viel, étaient réunis à l'hôtel de ville de Québec, le 23 avril, pour positionner la Capitale-Nationale comme une «terre d'accueil» pour les chercheurs alors qu'une crise scientifique et universitaire sévit aux États-Unis.
«On doit se faire connaître», a lancé d'entrée de jeu le maire Marchand, qui voit une occasion de consolider des «créneaux stratégiques», notamment en agroalimentaire, en technologies numériques, en optique-photonique, en sciences de la vie, en technologies propres, en océanographie et en études internationales.
La rectrice Sophie D'Amours a rappelé un sondage de la revue Nature, qui révèle que les trois quarts des scientifiques travaillant aux États-Unis envisageraient de quitter leur pays pour fuir les politiques et coupes budgétaires de l'administration Trump. Des chercheuses et chercheurs de l'Europe ou d'ailleurs dans le monde qui comptaient poursuivre leurs études aux États-Unis jusqu'à récemment sont également convoités.
En plein recrutement, l'Université Laval a actuellement 70 postes de professeurs à pourvoir, a souligné Sophie D'Amours. «On est à pied d'œuvre pour trouver ces perles qui viendront compléter nos équipes.» Une dizaine de candidatures de scientifiques de l'international sont d'ailleurs en cours d'évaluation, a-t-elle précisé lors de la période de questions.
La rectrice a souligné que plus de 50% des publications scientifiques de l'Université Laval sont faites en collaboration avec des partenaires internationaux, les collègues américains arrivant au premier plan. «Le levier principal pour recruter des chercheurs est nos professeurs qui travaillent déjà avec eux», croit-elle, ajoutant que plusieurs démarches sur le terrain ont déjà commencé à New York et à Boston, avec l'Université du Massachusetts.
Comme les joueurs de hockey
L'Université Laval, la Ville de Québec et Québec International, de pair avec des représentants de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), de l'École nationale d'administration publique (ENAP) et de l'Université TELUQ, se mobilisent déjà pour faciliter l'arrivée de ces personnes. Les intervenants souhaitent un appui des gouvernements, des fonds et une réduction de la «paperasserie».
«Ça fait partie des choses à examiner. Comment fait-on pour que des chercheurs étoiles viennent au Québec avec une assurance pour leur famille? Dans mon rêve, j'aimerais que les scientifiques de haut talent aient le même privilège que les grands joueurs de hockey», a lancé Sophie D'Amours.
«On peut être un refuge, mais la vraie valeur, c'est d'attirer des gens qui vont vouloir vivre ici et participer au développement socioéconomique de Québec», a poursuivi la rectrice.
Concernant la langue française, Sophie D'Amours n'y voit pas un frein au recrutement. Elle mentionne qu'il y a beaucoup de francophones aux États-Unis: des Québécois, des Français, des Suisses… «Le monde des universités valorise l'apprentissage des langues.»
Elle prône, par ailleurs, un accès à tous les outils qui permettent la francisation le plus rapidement possible et de façon flexible. «L'Université fait déjà un bout de chemin, à même nos budgets, nos ressources, dit-elle. Quand on attire des professionnels de haut niveau, de rendre disponibles des programmes de francisation personnalisés et sur mesure qui incluent la francisation des conjoints, c'est une recette gagnante; j'encourage les gouvernements à déployer ces méthodes-là.»
Déjà, le 2 avril, la rectrice réagissait aux attaques de l'administration Trump contre la science, convaincue que l'Université Laval fait partie de la solution. «Il y a des personnes de talent qui vont choisir de ne pas étudier aux États-Unis. Il y a des chercheuses et chercheurs américains de haut niveau qui veulent se trouver un nouveau nid. Ces personnes pourraient choisir notre université francophone, située à Québec, une ville très sécuritaire», déclarait-elle alors.
Voir la retransmission en différé de la conférence de presse