12 décembre 2024
Quel masque faut-il porter pour bien se protéger contre les virus respiratoires?
Une étude démontre que la plupart des masques sur le marché ont une efficacité de filtration qui peut atteindre 95% contre les virus. Seule exception au tableau, les masques de coton.
Décembre annonce la saison des infections respiratoires et la période des rassemblements de fin d'année. Pour éviter que la première vienne gâcher la seconde, certaines personnes feront appel à des masques de protection, mais quel modèle devraient-elles choisir pour être bien protégées?
C'est ce qu'a voulu savoir une équipe de recherche de l'Université Laval en comparant la capacité de filtration de neuf types de masques couramment utilisés en Amérique du Nord et en Europe. Conclusion? Mis à part les masques de coton, les principaux modèles de masques offerts sur le marché ont une efficacité très élevée pour filtrer les particules qui contiennent les virus respiratoires, suggère l'étude publiée par cette équipe dans la revue Aerosol Science and Technology.
En général, les virus respiratoires se déplacent dans l'air à l'intérieur de particules de différentes tailles issues des aérosols produits par les personnes infectées. «L'efficacité des masques de protection qui se trouvent sur le marché est établie à partir de tests réalisés sur des particules non biologiques comme du sel et sur des bactéries de taille unique. Ces tests sont rarement faits sur toute la gamme de particules que produisent les personnes infectées et on connaît mal la capacité filtrante des masques contre les aérosols de petite taille, qui peuvent aussi transporter des virus intacts», rappelle l'étudiant-chercheur Vincent Brochu, dont les travaux sur la question sont réalisés dans l'équipe de Caroline Duchaine, professeure au Département de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique de l'Université Laval et chercheuse au Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
Pour le moment, il n'existe pas de méthode standardisée pour mesurer l'efficacité de filtration des masques contre les particules contenant des virus. Pour combler cette lacune, l'équipe de recherche a mis au point une approche qui consiste à mettre en suspension, dans un courant d'air circulant dans un tuyau, un virus inoffensif pour l'humain, et d'en mesurer l'abondance avant et après son passage à travers un masque. «Ces données nous permettent d'évaluer l'efficacité de filtration du masque. Nous avons utilisé ce montage expérimental pour tester un modèle de masque de coton, des masques de procédure à usage unique, des masques de procédure lavables et des masques de type N95», souligne le doctorant.
Les analyses ont montré que, exception faite des masques de coton, l'efficacité de filtration pour se protéger contre les virus présents dans l'air peut atteindre 95% pour tous les modèles testés. «Les concentrations de virus autour d'une personne émettrice peuvent être de quelques milliers à quelques millions par mètre cube d'air. Une filtration de 95% pourrait donc diminuer considérablement l'exposition d'une personne qui porte un masque», souligne Caroline Duchaine.
Les masques de coton font nettement moins bien avec une efficacité de filtration pouvant atteindre 60%. «Par contre, ils peuvent tout de même être utiles aux personnes infectées qui veulent limiter leur émission de virus parce qu'ils retiennent bien les grosses gouttelettes», précise la chercheuse.
— Caroline Duchaine
L'efficacité de filtration d'un masque est un facteur qui influence fortement sa capacité de protéger contre les virus, mais il faut aussi considérer son étanchéité, c'est-à-dire sa capacité de bien épouser les contours du visage pour empêcher le passage de l'air, souligne Vincent Brochu.
«Un volet de mes travaux consiste justement à mesurer l'impact de cette étanchéité sur l'efficacité globale de différents types de masque installés sur une tête de mannequin. Je vais aussi évaluer l'effet de lavages répétés sur l'efficacité des masques réutilisables. Une fois ces expériences complétées, nous devrions avoir un portrait d'ensemble plus complet de l'efficacité des différents modèles de masques contre les virus respiratoires.»
Les signataires de l'étude parue dans Aerosol Science and Technology sont Vincent Brochu, Nathalie Turgeon, Annabelle Richer-Fortin, Marc Veillette et Caroline Duchaine.