4 décembre 2024
COP 29 de Bakou: «Les universités gagnent à être là»
Selon le vice-recteur François Gélineau, c'est dans un grand rassemblement comme la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques que l'on discute des vrais enjeux et qu'un véritable dialogue est possible
«Je reviens de Bakou tout aussi énergisé que je l'étais il y a un an à mon retour de la COP 28 de Dubai», lance le vice-recteur aux affaires internationales et au développement durable, responsable de l'EDI et de la philanthropie à l'Université Laval, François Gélineau. Dernièrement, celui-ci rentrait d'un séjour d'une semaine dans la capitale de l'Azerbaïdjan dans le cadre de la 29e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, ou COP 29. Il agissait comme chef de la délégation de l'Université Laval.
La COP 29 s'est déroulée du 11 au 23 novembre et a attiré plusieurs dizaines de milliers de personnes. En plus du vice-recteur, la délégation comprenait quatre étudiantes au doctorat, soit Leidy Natalia Serrano Burbano, Sarah Lajeunesse, Katherine Robitaille et Marie-Pier Trépanier. Neuf autres membres de la communauté universitaire, grâce à leur accréditation, ont pu suivre en ligne plusieurs négociations et événements. Environ la moitié sont membres de l'Institut EDS.
François Gélineau a assisté à certaines sessions de négociation ainsi qu'à certaines plénières. «Si les enjeux étaient très techniques, dit-il, les échanges, eux, étaient très éclairants sur la dynamique, le processus de négociation.» L'essentiel de la COP, selon lui, ce sont des négociateurs, des équipes de professionnels qui vont raffiner des textes pour fixer des modalités d'application, davantage que de grandes orientations.
«On gagne à être là, affirme-t-il. C'est dans de tels forums qu'on discute des vrais enjeux. De grands rassemblements de gens engagés permettent un véritable dialogue avec des représentants de la société civile, d'ONG et d'entreprises, des gouvernements et des décideurs publics.»
Selon le vice-recteur, la participation des universités est d'autant plus nécessaire dans un tel forum qu'elles sont à la base du développement des connaissances. «Ce sont, soutient-il, des contributeurs actifs de solutions aux changements climatiques, en partenariat avec les autres acteurs. La recherche scientifique est essentielle.»
Les universités sont aussi à la base de la formation des individus qui auront à être au cœur de ces transformations. «Les universités exposent les étudiantes et étudiants aux enjeux et aux solutions relatives au dérèglement du climat, poursuit François Gélineau. Elles sont aussi des acteurs de changement par leur rôle de citoyen corporatif. Elles ont un rôle à jouer dans la société comme organisations. Et elles doivent donner l'exemple. Je pense que cela est très bien intégré à l'Université Laval.»
Selon lui, l'ambiance était un peu plus étourdissante que durant la COP 28 à Dubai. «Nous étions entourés de gens, poursuit-il. Ça parlait et ça fourmillait tout le temps. On sentait une frénésie dans l'air.»
Des négociateurs de près de 200 pays étaient présents à la COP 29. Ils sont parvenus à un accord décisif qui permettra un financement aux pays en développement de 300 milliards de dollars par an d'ici 2035, pour leur transition énergétique. «Tous les pays du Sud ont adhéré aux 300 milliards, mentionne-t-il. Ils reconnaissaient qu'il s'agissait d'un pas dans la bonne direction, mais que la somme était nettement insuffisante selon eux.»
Trois panels
Le vice-recteur a pris part à trois événements durant son séjour. Un premier panel, intitulé «Alliances universités-société pour la transition climatique», réunissait des représentants de l'Université Laval, d'Université Côte-d'Azur et de l'Université de Cambridge, ainsi que le directeur de l'ONG Green Terre Foundation. Les échanges ont porté sur différentes initiatives originales et structurantes de partage et de transférabilité du savoir dans le milieu.
Un deuxième panel était organisé par le Réseau des réseaux, un regroupement international d'universités engagées dans l'accélération de l'action climatique. «La partie la plus tangible des échanges a porté sur comment assurer une meilleure présence des universités aux COP, souligne François Gélineau. Une des solutions qui ont émergé est de pouvoir obtenir un pavillon unique pour les universités. L'idée est de rassembler nos forces pour être davantage présents. Mais les coûts de location sont prohibitifs pour la plupart des universités. Il faut aussi avoir du contenu pour pouvoir animer l'endroit pendant 10 jours.»
Le troisième panel portait sur le rôle des savoirs ancestraux dans l'accélération des solutions aux changements climatiques. Les cultures ancestrales représentent une source unique de connaissances dans la conservation de la biodiversité et le ralentissement du dérèglement du climat au moyen de solutions fondées sur la nature.
La contribution du vice-recteur à ce panel a consisté à présenter l'accompagnement offert par l'Université Laval aux étudiantes et étudiants autochtones avec le plan En action avec les Premiers Peuples. «J'ai notamment évoqué le programme Gardiennes et gardiens du territoire, lancé il y a un an et demi, explique-t-il. Ce bel exemple vient aligner la connaissance scientifique universitaire au savoir des peuples autochtones pour former des candidates et candidats à la protection du territoire.»
Selon lui, ces rencontres constituaient autant d'occasions de faire connaître ce que fait l'Université Laval en matière de développement durable dans l'atteinte des objectifs de l'ONU. «Ces rencontres, poursuit-il, permettent aussi de créer des liens, de comparer ce qu'on fait avec ce qui se fait ailleurs. L'aspect réseautage est important aussi dans un contexte d'internationalisation. Des gens viennent nous voir après pour nous dire: c'est intéressant ce que vous faites, j'aimerais collaborer avec vous.»