26 août 2024
À surveiller : l’anxiété lors des examens chez les élèves du primaire
Cet état chez l’enfant prédit les inquiétudes face à la transition entre le primaire et le secondaire, la perte de motivation et une difficulté d’adaptation en 1re année du secondaire, selon une recherche de la Faculté des sciences de l’éducation
Une étude longitudinale de l'Université Laval montre que l'anxiété d'évaluation lors des examens au primaire est liée à un manque de motivation scolaire et aux inquiétudes par rapport au passage vers l'école secondaire. Ces facteurs sont associés à un moins bon fonctionnement une fois en 1re secondaire.
«Quand un jeune est préoccupé de sa performance dans les évaluations, qu'il craint les conséquences d'un échec, il est plus disposé à être inquiet par rapport à ce qui s'annonce plus loin dans le parcours solaire, soit la transition au secondaire», indique Stéphane Duchesne, professeur à la Faculté des sciences de l'éducation et auteur principal de l'étude.
Les résultats de l'étude suggèrent qu'il serait pertinent d'accorder une attention particulière à l'anxiété liée aux tests dès la 5e année du primaire, puisqu'elle prédit une augmentation du niveau d'inquiétude face à la transition, une plus grande perte de motivation en 6e année, et une difficulté d'adaptation en 1re secondaire. «Plusieurs études montrent que les jeunes qui éprouvent des difficultés au début du secondaire sont plus à risque de subir des échecs et même d'abandonner leurs études», rapporte le chercheur.
Stéphane Duchesne explique en partie l'anxiété d'évaluation par l'importance accordée à la performance dans le système d'éducation actuel. «Les jeunes sont régulièrement soumis à des évaluations et ils comprennent vite qu'ils doivent performer pour avoir accès à l'école secondaire ou au programme de leur choix», souligne le professeur.
Des stratégies potentielles
Selon Stéphane Duchesne, il est donc essentiel de mettre en œuvre des stratégies pour réduire l'anxiété d'évaluation et limiter les inquiétudes face à la transition. «Il y a des interventions cognitives et comportementales pour amener les élèves à prendre conscience de leurs forces, à mieux gérer leur stress et à planifier leurs actions pour répondre aux attentes dans les examens.»
Le chercheur mentionne aussi l'importance d'adopter un état d'esprit favorisant l'apprentissage. «Il y a deux grandes conceptions de la compétence ou de l'intelligence. La conception fixe implique que l'on croit que la compétence est innée et difficilement modifiable, peu importe les efforts que l'on met. La conception malléable, elle, suggère que la compréhension peut s'améliorer par l'effort, la pratique et un bon accompagnement. Il faut travailler cette dernière perception avec l'élève.»
Pour l'accompagnement, Stéphane Duchesne souligne l'importance pour les enseignants de créer un lien avec les élèves, surtout au début du secondaire. «Une relation basée sur l'authenticité, la disponibilité et l'écoute fait en sorte que les jeunes sont plus disposés à chercher de l'aide.»
Du côté des parents, ils peuvent rester à l'écoute du jeune, suggère le professeur. «Il ne faut pas prendre les inquiétudes à la légère ni les dramatiser, soutient Stéphane Duchesne. L'idéal est d'orienter l'enfant vers des pistes de solution, en lui rappelant ses forces.» Il ajoute que les parents peuvent aussi aborder la transition au secondaire comme une occasion de faire de nouvelles connaissances et de développer des compétences. «Il faut renforcer l'idée que ce passage est quelque chose de stimulant et positif», précise-t-il.
L'étude a été menée sur trois ans auprès de 341 élèves, dont 49% de garçons, et de l'un de leurs parents, dont 87% de mères. Les jeunes participants ont été recrutés dans 32 écoles primaires publiques francophones de la province de Québec.
Les résultats ont été publiés dans la revue Learning and Individual Differences. Les signataires sont Stéphane Duchesne et Catherine Ratelle.