Ils viennent d'Italie, du Luxembourg, de Chine, de France et, bien sûr, du Québec. Ils sont spécialisés en pathologie forestière, en galaxies, en dépendance à l'alcool et aux drogues, en philosophie pour enfants, en gouvernance de la mondialisation et en bien d'autres domaines encore. Des 87 nouvelles professeures et nouveaux professeurs embauchés par l'Université Laval au cours de la dernière année, plusieurs ont participé aux trois journées d'accueil organisées les 20, 21 et 22 août, à la salle Power Corporation du pavillon La Laurentienne.
«Pour moi, vous êtes le témoignage de la nouvelle université», a lancé la rectrice Sophie D'Amours, le mercredi matin, après avoir invité toutes les personnes dans l'assistance à se présenter et à dire quelques mots sur leur parcours. Un mélange de fierté et de fébrilité s'élevait autour des tables rondes. Plusieurs ont souligné leur «retour à la maison», soit à l'Université Laval où ils ont été formés, après différentes expériences autour du monde. Quelques personnes ont mentionné finir à peine leur thèse. D'autres annonçaient leur arrivée pour lancer le tout nouveau baccalauréat en sexologie.
Un échange qui a touché Patricia Vohl, nouvelle professeure à la Faculté des sciences de l'éducation. «La rectrice était la première à nous demander qui on était et elle était la personne parfaite pour le faire, a-t-elle trouvé. Elle a une ouverture, une compréhension, un intérêt et une sensibilité assez importante pour recevoir tout ce qui a été dit.»
Sophie D'Amours a relevé dans chaque présentation cette envie, au-delà de la science, d'avoir un impact sur la société. «C'est très aligné avec la vision qu'on a ici», a-t-elle poursuivi. Tout en racontant l'histoire de l'Université Laval, créée sous l'impulsion de la reine Victoria pour former les francophones au Canada, elle a indiqué que, très tôt, ses professeurs ont souhaité transférer leurs connaissances, s'engager dans une transformation sociétale et se mobiliser pour relever les défis du moment. «J'espère que vous allez avoir envie de porter ces grands projets, que vous allez développer ce leadership pour continuer cette tradition», a-t-elle lancé, ajoutant que le plus grand défi de notre génération est de contrer les fausses informations, d'arriver à distinguer le vrai du faux.
Socialisation et bienveillance
La rectrice a aussi rappelé être professeure de génie industriel au Département de génie mécanique et, forte de son bagage, a eu des mots bienveillants pour les nouveaux membres du corps professoral. «Vous ne pourrez pas tout faire de façon excellente, donc prenez soin de vous. Un jour à la fois. Si vous êtes ici, je sais que c'est parce que vous êtes ambitieux, mais vous êtes dans une carrière qui se construit au fil du temps. Faites des choix, soyez critiques, misez sur ce qui va changer les choses. Et faites appel aux collègues, vous n'êtes pas seuls», a-t-elle exhorté, invitant les gens à se parler et à ne pas seulement s'écrire à l'ère numérique.
Un peu plus tard, trois professeurs embauchés en 2019, en 2020 et en 2022 ont à leur tour fait part de trucs et astuces avec les nouveaux membres. Aline Hajj a été professeure au Liban avant d'être embauchée à la Faculté de pharmacie de l'Université Laval. Elle a raconté les difficultés à comprendre le «système canadien», à commencer par les acronymes, elle qui tenait une longue liste à démystifier.
«Il faut identifier les ressources pour nous aider, il y en a beaucoup à l'Université», a-t-elle conseillé, en énumérant les assistants et les conseillers à la recherche dans certaines facultés, les vice-doyens à la recherche et tout ce qui se trouve en ligne. Par ailleurs, dit-elle, il faut s'y prendre d'avance et donner du temps à ces personnes pour répondre aux questions et faire leur travail.
«Dans les facultés, si on vous a attitré un mentor, n'hésitez pas à aller en chercher d'autres», renchérit pour sa part Alexandre Caron, professeur à la Faculté de pharmacie. Des mentors complémentaires peuvent aider à comprendre le système universitaire, à recruter des étudiants, à aller chercher le financement ou à faire la relecture, a-t-il illustré.
Les panélistes ont aussi parlé des ressources offertes par les centres de recherche affiliés, notamment l'aide de biostatisticiens ou de personnes spécialisées pour la formation des étudiants, ce qui économise beaucoup de temps aux professeurs.
Concernant les demandes de financement, ils ont évoqué des échecs qui les ont fait pleurer, ou qu'ils ont reçu comme des «claques au visage», de mauvais moments à passer avant de se ressaisir. Le professeur Caron invite à ouvrir l'œil, car il existe de nouveaux concours, de nouvelles bourses pour aider à propulser les jeunes chercheurs. Aline Hajj incite à oser, à proposer des projets majeurs, même en début de carrière. C'est ainsi qu'elle a connu le succès, alors que ses plus petits projets avaient été refusés.
«Même si un projet n'est pas retenu, il n'y a rien de perdu et il y a beaucoup de maturité acquise en cours de chemin», insiste la professeure.
Kévin Lavoie, professeur à la Faculté des sciences sociales, croit qu'il ne faut pas hésiter à demander des exemples de demandes de subvention dans les unités et les centres de recherche, ce qui fait gagner du temps. Avant le dépôt d'un devis lors des concours, il propose même de le faire relire par des pairs complémentaires. «Au départ, c'est très gênant. Mais quand plusieurs personnes passent par-dessus, font des commentaires fins et précis, ça bénéficie à tout le monde, on devient plus fort», dit-il en parlant de très bon taux de succès avec cette démarche.
Dire oui ou non: le test des quatre passoires
À une question dans l'assistance, à savoir comment réagir aux différentes demandes de collaboration, le professeur Lavoie a eu beaucoup de succès avec son test des quatre passoires, soit quatre questions à se poser. Est-ce que cette collaboration procure un réseautage professionnel intéressant? Est-ce qu'elle comble une section plus pauvre dans notre curriculum vitae? Est-ce qu'elle sera stimulante intellectuellement? Et est-ce qu'elle procurera du plaisir? Si la réponse est oui trois fois sur quatre, c'est bon signe, dit-il.
Tous ces conseils sont d'une grande utilité pour tout nouveau membre du corps professoral, peu importe le stade de sa carrière, a applaudi Marie-Eve Major, nouvelle professeure à la Faculté des sciences sociales, auparavant professeure à l'Université de Sherbrooke.
Si devenir professeur universitaire est un métier exigeant, ont convenu les panélistes, ils ont aussi démontré leur passion et leur réel plaisir d'enseigner et de faire de la recherche à l'Université Laval.