C’est le branle-bas au Département de psychiatrie et de neurosciences de la Faculté de médecine de l’Université Laval. Le projet de création d’un nouveau programme de baccalauréat en sexologie, hébergé à cet endroit et en préparation depuis quelques années, vient de recevoir les approbations usuelles du Bureau de coopération interuniversitaire et du ministère de l’Enseignement supérieur. Cette étape maintenant franchie, la phase suivante consiste à finaliser le programme afin qu’il soit offert à la communauté étudiante, à la fois par la Faculté de médecine et la Faculté des sciences sociales, à compter de la session d’automne 2024.
«J’ai été embauchée en 2017 avec le mandat de bâtir le baccalauréat en sexologie, explique la directrice du programme et professeure au Département de psychiatrie et de neurosciences, Geneviève Martin. Le projet s’est mis en branle en 2018 avec la collaboration de la chargée d’enseignement Isabelle Proulx. Nous avons réalisé le gros du travail jusqu’à cette année.»
Depuis plus d’un demi-siècle, seule l’Université du Québec à Montréal (UQAM) offrait un tel programme dans le réseau universitaire québécois. Cela dit, l’Université Laval ne fut pas en reste durant toutes ces années. Dès 1985, l’Université mettait sur pied un certificat en sexualité humaine et, en 1997, un microprogramme sur les violences sexuelles. En 2017, le certificat en santé sexuelle est créé pour remplacer son prédécesseur. «Le certificat, souligne la professeure Martin, connaît vraiment une demande incroyable. Plus de 1000 étudiantes et étudiants sont inscrits à cette formation à l’heure actuelle. Elle est l’un des plus gros programmes à la Faculté de médecine.»
Des besoins multiples
Les besoins en sexologie sont multiples depuis des années dans le réseau québécois de la santé et des services sociaux. Un récent sondage, réalisé auprès de 163 milieux de pratique du Réseau universitaire intégré de santé – Université Laval, révèle qu’un peu moins du quart des milieux avaient bénéficié des services d’une sexologue ou d’un sexologue au cours de la dernière année. De plus, près de la moitié des répondants estiment que les besoins sexologiques de la clientèle sont peu ou aucunement comblés. Enfin, les besoins prioritaires auxquels il apparaît important de répondre concernent l’éducation à la sexualité, la prévention, la promotion et l’évaluation.
Cet automne à l’UQAM, les demandes d’inscription au baccalauréat en sexologie dépassaient les 900. Moins de 200 demandes ont été acceptées. «Les deux baccalauréats pourront très bien cohabiter», affirme la directrice.
Un programme qui se distingue
Les personnes qui s’inscriront au futur programme de sexologie pourront développer, entre la théorie et la pratique, les compétences nécessaires à l’évaluation et à l’intervention en sexologie. Le baccalauréat comprendra 90 crédits. Il accueillera 60 étudiantes et étudiants par année. La formation s’adresse à toute personne qui s’intéresse à l’étude et à la compréhension des différents aspects de la sexualité, qui accorde une grande valeur à l’éducation, à la prévention et à la promotion en santé sexuelle, et qui détient des aptitudes pour la relation d’aide.
Dès la première session, des cours de démarche d’intervention en sexologie permettront de mettre en pratique les compétences ciblées dans le programme. Trois stages exposeront l’étudiante et l’étudiant à diverses clientèles dans des milieux variés.
Selon Geneviève Martin, le baccalauréat est unique à plus d’un titre. Le fait qu’il soit hébergé par deux facultés le distingue par son caractère pluridisciplinaire. «Nous avons la chance d’avoir des experts de part et d’autre, dit-elle. On bénéficie des ressources des deux facultés.»
Trois cours obligatoires portent la marque «Université Laval». Ce sont le rapport au corps, à l'érotisme et à l’intimité, la diversité sexuelle et de genre, et les contextes de l’intervention sexologique. Les cours à option, quant à eux, sont surtout offerts par la Faculté des sciences sociales, que ce soit en anthropologie, en psychologie ou en criminologie.
Une fois par semaine, des laboratoires permettront à 15 étudiantes et étudiants à la fois de pratiquer de façon concrète la démarche d’intervention sexologique. Les participants ne viendront pas assister passivement à des cours. Ils devront faire des travaux en équipe et réfléchir à régler des situations en trouvant des pistes d’intervention.
Autre chose: tous les cours seront imbriqués les uns dans les autres. «Au Département, explique-t-elle, nous sommes une petite équipe. Nous nous assoyons pour analyser les contenus, savoir ce qu’enseigne telle ou telle personne. Tu fais quoi? Moi je vais amener jusque-là le développement des compétences ciblées dans le programme. Nos suivis sont très cohérents et peuvent être réutilisés dans différents cours et amenés plus loin. Cette méthode donne une richesse inouïe à un programme.»
Trois stages
Enfin, les étudiantes et les étudiants devront faire trois stages durant leur baccalauréat. Ils devront consacrer un jour par semaine aux deux premiers et trois jours par semaine au troisième.
«Ces stages donneront un caractère assez particulier à la formation, poursuit-elle. Habituellement, les étudiants font un stage sur un an lorsqu’ils sont au baccalauréat. Ils ont l’expérience d’un milieu et d’une clientèle. Trois stages vont leur permettre de développer des connaissances de différentes clientèles et milieux, ce qui fera d’eux des professionnels polyvalents. Cette immersion dans la pratique commencera dès la première session. Elle aidera aussi à aiguiller les étudiantes et les étudiants vers ce qui les intéresse vraiment.»
Date limite: 1er mars
La date limite pour le dépôt de la demande d’admission est le 1er mars pour la session d’automne 2024. Le processus de sélection comprend deux étapes: l’évaluation du dossier scolaire et le résultat du test Casper, un test obligatoire qui permet d’évaluer des compétences transversales. Les dernières dates disponibles pour ce test sont le 13 février, le 22 février et le 2 mars.
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