La bonne nouvelle d'abord: le taux de nouveaux cas de diabète détectés annuellement dans l'ensemble de la population québécoise a diminué entre 2001 et 2019. Les mauvaises nouvelles maintenant: le nombre total de personnes vivant avec le diabète a doublé pendant cette même période, et la situation est particulièrement inquiétante chez les adolescents.
Ces constats en demi-teinte sont tirés d'une étude publiée dans la revue Diabetes Epidemiology and Management par une équipe formée de chercheurs de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), de la Faculté de pharmacie de l'Université Laval et du Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec-Université Laval.
Cette équipe a utilisé des données compilées dans le Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec pour calculer l'évolution de l'incidence (le nombre de nouveaux cas par 1000 habitants) et la prévalence (le nombre cumulatif de cas par rapport à la population totale) du diabète entre 2001 et 2019.
«Les données contenues dans ce fichier ne permettent pas de distinguer les cas de diabète de type 1 et de type 2. Nos analyses portent donc sur tous les cas de diabète. Dans 90% à 95% des cas diagnostiqués chez l'adulte, il s'agit de diabète de type 2», précise la responsable de l'étude, Claudia Blais, conseillère scientifique spécialisée à l'INSPQ et professeure associée à la Faculté de pharmacie de l'Université Laval.
Entre 2001 et 2019, le nombre de nouveaux cas de diabète par 1000 habitants a diminué de 30%, ont constaté les chercheurs. Néanmoins, ces nouveaux cas sont venus gonfler les rangs des personnes déjà atteintes de diabète. En 2001, 4,3% de la population québécoise était diabétique. En 2019, ce pourcentage avait atteint 8,1%, soit 675 000 personnes.
Le portrait est préoccupant dans le groupe des moins de 20 ans: la prévalence du diabète y est faible, mais elle est en croissance. En chiffres absolus, le nombre de jeunes diabétiques est passé de 2450 à 3265 entre 2001 et 2019. L'augmentation a été de 29% chez les 5-11 ans, de 48% chez les 12-15 ans et de 54% chez les 16-19 ans. «Les données ne permettent pas de déterminer les facteurs responsables de cette hausse, mais on peut penser que les habitudes de vie sont en cause. Il faut continuer de suivre étroitement l'évolution de la situation chez les jeunes», souligne Claudia Blais.
Même si les connaissances au sujet du diabète et de son traitement se sont améliorées au cours des deux dernières décennies, cette maladie reste très dommageable pour la santé. «Nos analyses montrent qu'en 2019, les adultes vivant avec le diabète couraient 3 fois plus de risque d'hospitalisation et 2 fois plus de risque de mortalité que les personnes sans diabète, souligne la professeure Blais. Ces résultats sont un rappel de l'importance des programmes de prévention du diabète et des programmes d'éducation destinés aux personnes vivant avec le diabète. Même si ce sont principalement les personnes de plus de 50 ans qui sont touchées, la prévention devrait également cibler les jeunes parce que les saines habitudes de vie s'acquièrent dès l'enfance.»
Les signataires de l'étude parue dans Diabetes Epidemiology and Management sont Sarah O'Connor, Philippe Robert, Jacinthe Leclerc, Paul Poirier, Marjolaine Dubé, Pierre-Luc Trépanier, Linda Perron et Claudia Blais.