Des équipes de recherche de l'Université Laval ont contribué à 3 des 10 découvertes les plus importantes de l'année 2023 selon le magazine de vulgarisation Québec Science. L'utilisation de l'intelligence artificielle pour prédire avec précision la récidive du cancer du poumon, le comportement inattendu des rivières nordiques occasionné par les changements climatiques et la découverte des vestiges d'une barrière de glace qui pourrait prédire le sort de l'Antarctique font partie des avancées ayant obtenu la faveur du jury composé d'une dizaine de scientifiques et de journalistes.
L'intelligence artificielle pour déterminer avec précision le risque de récidive du cancer du poumon
Le professeur Philippe Joubert, de la Faculté de médecine, et ses collègues Logan Walsh et Daniela Quail, de l'Université McGill, ont mis au point une méthode qui pourrait avoir des répercussions majeures sur le suivi des personnes opérées pour un cancer du poumon.
À l'aide de l'intelligence artificielle, l'équipe a analysé des tumeurs provenant de plus de 400 patients ayant subi une résection pulmonaire, ce qui leur a permis d'identifier 35 marqueurs qui influencent le risque de récidive. Grâce à ces données, les chercheurs sont en mesure de prédire avec une exactitude d'environ 95% si le cancer réapparaîtra chez une personne qui a subi la résection d'une tumeur pulmonaire, à partir d'un échantillon de tumeur d'à peine 1 mm2.
Environ 40% des personnes opérées pour un cancer du poumon seront confrontés à une récidive. L'approche développée par les chercheurs permettra de les identifier rapidement après la chirurgie et de leur proposer les traitements les mieux adaptés à leur situation.
Le comportement des rivières nordiques défie les prédictions
Une équipe internationale dont faisait partie la professeure Pascale Roy-Léveillée, de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, a découvert que les rivières nordiques ne se comportent pas comme les modèles prédictifs du réchauffement de l'Arctique l'avaient annoncé.
Avec le dégel du pergélisol, plusieurs scientifiques avaient prédit que la migration latérale des rivières nordiques pourrait être accélérée en raison de la déstabilisation et de l'érosion des berges. Cette hypothèse n'avait toutefois jamais été confrontée à la réalité.
En analysant des images satellites prises à intervalles réguliers couvrant plus d'un millier de kilomètres de berges de dix rivières de l'Alaska, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest, l'équipe a constaté que la migration latérale de ces rivières, loin de s'accélérer, a plutôt diminué d'environ 20% depuis une cinquantaine d'années. Cette situation serait en partie due à la prolifération d'arbustes dans des zones auparavant peu végétalisées qui stabiliseraient les berges, contrebalançant les effets du dégel sur la migration latérale des rivières.
Les vestiges d'une barrière de glace pourraient prédire le sort des glaciers de l'Antarctique
Si le passé est garant de l'avenir, la disparition des barrières de glace qui bordent l'ouest de l'Antarctique pourrait mener à une hausse substantielle du niveau de la mer. Une équipe internationale dont faisait partie Patrick Lajeunesse, professeur à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, a en effet découvert qu'un événement similaire survenu il y a 14 500 ans dans la baie de Baffin avait contribué à l'augmentation de 20 mètres du niveau marin enregistrée au cours des siècles suivants.
L'Antarctique est recouvert d'un glacier qui repose sur un fond rocheux. Du côté ouest du continent, le glacier est protégé de l'eau salée par des barrières de glace flottante qui agissent comme remparts. Certaines de ces barrières se sont fragmentées au cours des dernières années et leur disparition risque d'accélérer la fonte du glacier.
Les chercheurs ont découvert qu'une barrière semblable aurait existé dans la baie de Baffin au cours de la dernière glaciation. Cette barrière, d'une superficie de 150 000 km2 et d'une épaisseur de 500 mètres, aurait progressivement disparu en raison du réchauffement de la température, contribuant à la hausse de 20 mètres du niveau marin enregistrée à cette époque.