Parler est un exercice qui exige une grande coordination entre les poumons et les muscles qui contrôlent les cordes vocales, la mâchoire, la langue et les lèvres. Avec le passage des ans, ces structures anatomiques subissent des changements qui se répercutent sur les fonctions vocales. Heureusement, il existerait un moyen simple et agréable d'acquérir et de préserver une élocution de qualité, suggère une étude réalisée par une équipe de l'École des sciences de la réadaptation de l'Université Laval. Il suffirait de chanter en groupe, démontre cette équipe dans une étude publiée par le Journal of Speech, Language and Hearing Research.
L'équipe de la professeure Pascale Tremblay en a fait la démonstration en étudiant différentes composantes de la voix et de la parole chez 78 personnes âgées de 20 à 88 ans. Du nombre, 40 participants pratiquaient des activités qui sollicitaient leurs capacités motrices et cognitives, mais qui n'avaient aucun lien avec le chant ou la musique. Les 38 autres participants pratiquaient le chant en groupe à raison de 3 heures ou plus chaque semaine, depuis au moins 5 ans.
«Considérant le temps qu'ils consacraient au chant, on peut les considérer comme des athlètes de la voix, estime la professeure Tremblay. Notre hypothèse était que cet entraînement soutenu pouvait avoir des répercussions positives sur les composantes motrices de la parole, étant donné que les mêmes structures servent à chanter et à parler. Nous voulions aussi vérifier si le chant pouvait avoir un effet protecteur contre le déclin des processus moteurs de la parole qui survient avec l'âge.»
Les résultats des tests menés au Laboratoire des neurosciences de la parole et de l'audition du Centre de recherche CERVO confirment en partie cette hypothèse. Comme prévu, la vitesse de lecture, le nombre de syllabes prononcées à la minute, la justesse et la stabilité de la prononciation ainsi que la capacité de prononcer des mots complexes diminuaient avec l'âge. «Nous avons démontré que les personnes qui pratiquaient le chant obtenaient de meilleurs résultats que les personnes du groupe témoin, mais uniquement lors de tâches exigeantes, par exemple lorsqu'il fallait prononcer des mots complexes ou prononcer rapidement des mots ou des phrases, précise la professeure Tremblay. Ces différences étaient présentes chez les chanteurs de tout âge.»
Le chant requiert des efforts particuliers d'élocution parce qu'il nécessite une conciliation entre la prononciation des paroles d'une chanson et les exigences musicales de la mélodie – le respect des tonalités, des temps et des modulations –, explique la professeure Tremblay. «C'est un très bon exercice pour la composante motrice de la parole. On pourrait sans doute obtenir des résultats similaires en pratiquant intensivement des exercices de diction, mais ce serait beaucoup moins agréable que de chanter en groupe!»
Les autres signataires de l'étude parue dans le Journal of Speech, Language and Hearing Research sont Lydia Gagnon, Johanna-Pascale Roy et Alison Arseneault.