«L'avenir de la médecine passe par le microbiote. C'est l'interface entre nous et notre environnement, et sa malléabilité en fait un outil prometteur pour combattre les maladies sociétales qui touchent un nombre grandissant de personnes.» Voilà le message principal livré par le professeur André Marette aux quelque 250 personnes qui ont assisté à une conférence en ligne présentée le 5 décembre par la Faculté de médecine, dans le cadre de ses Grands Rendez-vous en santé.
Chez l'humain, le microbiote intestinal représente environ 2% du poids corporel, a d'abord rappelé le professeur de la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec-Université Laval. «Par contre, le microbiote représente 50% de toutes les cellules présentes dans notre organisme. Plus encore, si nous pouvions extraire tout l'ADN d'une personne, 99% du total serait de l'ADN bactérien. Nous ne sommes pas seuls dans notre corps. Nous vivons en symbiose avec des milliards de microbes.»
Depuis 20 ans, les recherches menées à travers le monde, notamment celles effectuées à l'Université Laval par le professeur Marette et par ses collaborateurs, ont progressivement révélé l'importance du microbiote intestinal dans le développement de l'obésité, des maladies cardiométaboliques, de la résistance à l'insuline et du diabète de type 2.
«Notre alimentation modifie la composition du microbiote intestinal ainsi que son environnement, notamment l'épaisseur de la couche de mucus qui protège l'épithélium intestinal», a souligné le professeur Marette. Ainsi, une alimentation riche en gras, en sucres raffinés ou en édulcorants artificiels – entre autres le sucralose, l'aspartame et la saccharine – favorise la croissance de bactéries néfastes et réduit l'imperméabilité de la barrière intestinale.
Des molécules inflammatoires produites par certains microbes, et même des microbes entiers, peuvent alors se frayer un chemin jusqu'aux vaisseaux sanguins, infiltrer des organes comme le foie et le tissu adipeux et perturber le métabolisme du glucose et des lipides, entraînant une inflammation métabolique de faible niveau, mais chronique.
«Je fais partie de ceux qui croient que les maladies métaboliques chroniques prennent naissance dans l'intestin et que le microbiote joue un rôle central dans leur développement, a résumé le professeur Marette. La bonne nouvelle est que les effets négatifs de la malbouffe sur le microbiote intestinal sont réversibles. Par exemple, si on adopte une alimentation riche en fruits et légumes ou si on consomme certains prébiotiques, des changements bénéfiques dans la composition du microbiote intestinal peuvent être observés dès la première journée. Vu son caractère très malléable et facilement exploitable, le microbiote intestinal est devenu un joueur incontournable de la médecine moderne dans la lutte contre les grandes maladies sociétales.»