17 avril 2023
Course à pied et mal de genou: modifier sa façon de courir pourrait atténuer la douleur
Des ajustements simples à la mécanique de course réduiraient les forces exercées sur l'articulation du genou ainsi que la douleur chez les personnes souffrant du syndrome fémoro-patellaire
Il n'y a pas de remède magique pour faire disparaître les maux de genou causés par la course à pied, mais certains ajustements mineurs apporteraient un soulagement immédiat chez près de la moitié des coureurs qui souffrent du syndrome fémoro-patellaire. Des chercheurs de l'Université Laval et de l'Université de la Colombie-Britannique en font la démonstration dans une étude qui vient d'être publiée par la revue Frontiers in Sports and Active Living.
Rappelons que le syndrome fémoro-patellaire est la blessure la plus fréquente chez les coureurs. «C'est un mal de genou qui se caractérise par une douleur diffuse autour ou derrière la patella, communément appelée rotule. La douleur s'accroît lors de mouvements sollicitant l'articulation fémoro-patellaire, par exemple en courant, en sautant ou en descendant un escalier», rappelle l'un des auteurs de l'étude, Jean-Sébastien Roy, professeur au Département de réadaptation de l'Université Laval et chercheur au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS).
Pour les besoins de leur étude, les chercheurs ont recruté 68 coureurs qui souffraient du syndrome fémoro-patellaire depuis au moins trois mois, mais qui étaient tout de même en mesure de courir au moins 15 kilomètres par semaine. Dans un premier temps, les participants devaient courir le plus normalement possible sur un tapis roulant muni de capteurs de pression. Les données récoltées grâce à cet appareil permettent de calculer les forces appliquées sur chaque articulation des membres inférieurs.
Dans un deuxième temps, les sujets devaient modifier leur patron de course selon les modalités suivantes: augmenter ou diminuer la cadence de 10% par rapport au rythme normal (sans modifier la vitesse), adopter une cadence de 180 foulées à la minute, attaquer le sol avec l'avant-pied, attaquer le sol avec le talon, courir en faisant le moins de bruit possible.
Ces modifications simples ont été bénéfiques chez 47% des sujets qui avaient ressenti de la douleur lors de la première partie de l'expérience. «Chacune de ces modifications a eu un effet sur une partie des participants. Les coureurs qui répondaient favorablement étaient généralement ceux chez qui on observait une réduction des forces appliquées sur l'articulation fémoro-patellaire», souligne le professeur Roy.
Parmi les modalités testées, deux se démarquent: augmenter la cadence de 10% ou attaquer le sol avec l'avant-pied. Dans les deux cas, 35% des sujets ont dit ressentir moins de douleur. «Il n'y a pas de risque particulier associé à une augmentation de 10% de la cadence, alors les coureurs aux prises avec un syndrome fémoro-patellaire peuvent en faire l'essai. Par contre, attaquer le sol avec l'avant-pied doit être fait avec prudence parce que le déplacement des forces qui s'ensuit peut causer des problèmes au tendon d'Achille», prévient Jean-Sébastien Roy.
Reste à savoir si ces changements peuvent avoir des effets durables sur les coureurs, poursuit le chercheur. «Le patron de course n'est qu'un des facteurs responsables du syndrome fémoro-patellaire. Le surentraînement, la progression trop rapide, des chaussures inadéquates ou le type de surface sur laquelle on court peuvent aussi être en cause.»
Les autres auteurs de l'étude parue dans Frontiers in Sports and Active Living sont Jean-François Esculier, professeur de clinique à l'Université de la Colombie-Britannique et responsable R&D à la Clinique du coureur, et Laurent Bouyer, professeur au Département de réadaptation de l'Université Laval et chercheur au CIRRIS.