
Christiana Bédard-Thom
— Pété Photographie
Un bris d'équipement, une averse, une mauvaise nuit de sommeil, les athlètes peuvent être confrontés à plusieurs stresseurs mettant en péril leurs objectifs lors de compétitions. Pour exceller malgré les épreuves, ils doivent acquérir une force mentale redoutable. Bonne nouvelle pour les athlètes: elle se développe au même titre que la force physique. C'est ce que suggèrent les recherches de la diplômée au doctorat en psychologie du sport, Christiana Bédard-Thom.
La force mentale s'appuie sur trois ressources: la confiance en ses habilités, la maîtrise de soi et la poursuite d'objectifs ambitieux.
«Puisque la force mentale se déploie quand les cibles sont en péril, c'est important de détenir des ressources élevées avant que le stresseur n'arrive», souligne Christiana Bédard-Thom. C'est pourquoi elle suggère d'intégrer l'aspect psychologique dans les entraînements pour les développer et les stimuler.
«Il faut progressivement amener les stresseurs qu'on risque de rencontrer durant les événements sportifs pour que l'athlète puisse améliorer sa force mentale et se désensibiliser à l'inconfort. Il saura comment mobiliser ses ressources si ça survient en compétition. On ne doit pas mettre les athlètes dans la ouate et tous leurs entraînements ne doivent pas être parfaits», explique la diplômée, maintenant entrepreneure en psychologie de la performance.
Elle rappelle que les ressources de force mentale fluctuent, alors l'intégration de stresseurs doit être évitée juste avant une compétition ou un événement sportif puisque ça fragiliserait l'athlète. Avant les moments clés, Christiana Bédard-Thom suggère de se concentrer sur des stratégies qui renforcent les ressources, comme utiliser des techniques de relaxation active ou des outils de pleine conscience, se motiver avec des encouragements.
Ce nouveau modèle pour étudier la force mentale a révolutionné ce domaine d'études. «Durant mon doctorat, nos recherches ont révélé que la force mentale n'est pas une caractéristique stable que certaines personnes possèdent et d'autres non. Il s'agit plutôt d'un processus qui s'enclenche lorsqu'un athlète fait face à une difficulté qui met en péril l'atteinte de ses objectifs. Nous pouvons améliorer ce processus en prenant soin de nos ressources. L'idée de devoir souffrir pour performer existe depuis longtemps. Le concept du No pain no gain date de l'âge des dinosaures. On peut être fort sans être dur avec soi-même», indique Christiana Bédard-Thom.
Pour tester son approche, elle a mis 74 cyclistes dans un contexte stresseur pour évaluer leur force mentale en laboratoire, une première dans ce domaine. Les cyclistes devaient établir des objectifs ambitieux pour un test d'endurance de 20 minutes sur leur vélo installé sur une base d'entraînement. Un des deux groupes de cyclistes devait ensuite jouer à un jeu cognitif pour les fatiguer mentalement et ainsi réduire la ressource de maîtrise de soi. Au milieu de l'exercice, l'écran d'affichage sur lequel les athlètes avaient accès à leurs données se fermait durant 2 minutes.
«Face à ce stresseur, on a constaté que ceux qui possédaient des ressources élevées livraient une meilleure performance. C'est également ainsi qu'on a déterminé que la force mentale pouvait fluctuer et que les ressources pouvaient s'influencer. Par exemple, ceux qui étaient plus fatigués à cause du jeu avaient tendance à se sentir moins confiants», rapporte la diplômée.
Pour Christiana Bédard-Thom, la force mentale sert dans tous les domaines de performance où des objectifs et des stresseurs existent, pas seulement dans le sport. «Des gestionnaires d'entreprises peuvent entraîner leur force mentale et celle de leur personnel, au même titre que les coachs et leurs athlètes.»
Cette étude a été publiée dans la revue scientifiqueInternational Journal of Sport and Exercise Psychology.

Christiana Bédard-Thom est titulaire d'un doctorat en psychologie du sport de l'Université Laval.

Les installations de Vélo Cartel où la chercheuse a testé son approche en mettant à l'épreuve 74 cyclistes en situation de stress pour évaluer leur force mentale.
— Vélo Cartel