L'exposition à un environnement associé aux jeux de hasard et d'argent pourrait constituer une approche efficace pour diminuer le désir de jouer. C'est ce que concluent des chercheurs de l'Université Laval et de l'Université du Québec en Outaouais qui ont passé au peigne fin des études réalisées sur l'efficacité de la thérapie par exposition pour ce type de problèmes. Leurs analyses ont fait l'objet d'une publication dans la revue scientifique Current Addiction Reports.
La thérapie par exposition consiste à placer une personne de façon répétée, progressive et contrôlée dans un environnement associé à sa phobie, à son anxiété ou à son trouble obsessionnel compulsif, explique le premier auteur de l'étude, Pierre-Yves Bergeron. L'exposition peut être réelle, imaginaire ou virtuelle.
«Lors d'une séance de thérapie par exposition pour des problèmes de jeu, les personnes ne jouent pas, mais elles sont placées dans un environnement qui déclenche leur désir de jouer, précise-t-il. Elles apprennent ainsi à tolérer l'état inconfortable créé par cette exposition et elles développent progressivement leur capacité à composer avec leur désir de jouer.»
Afin de faire le point sur l'efficacité de cette approche, Pierre-Yves Bergeron et les autres auteurs de l'étude ont passé en revue 13 études qui avaient testé cette intervention auprès de 948 joueurs à risque ou pathologiques. Ces interventions étaient de durée variable, allant de une à 30 séances d'exposition.
Leurs analyses ont révélé que:
L'indice du désir de jouer avait diminué de 30% entre le début et la fin de l'intervention
Les études qui ont réévalué les participants 6 mois ou 12 mois après l'intervention rapportent que la baisse de l'indice du désir de jouer s'était non seulement maintenue, mais qu'elle s'était accentuée, atteignant 75%
L'indice de sévérité des problèmes de jeu avait diminué de plus de moitié après l'intervention et dans les mois suivants
Le temps consacré au jeu, qui était de 18,5 heures par mois, avait diminué à 3,2 heures après l'intervention
Présentement, le principal traitement pour les problèmes de jeu est la thérapie cognitivo-comportementale, rappelle Pierre-Yves Bergeron. «C'est une approche basée sur les connaissances. Les patients doivent notamment confronter leurs croyances et leurs comportements aux connaissances issues de la psychologie scientifique afin de restructurer leur pensée. Cette thérapie a une efficacité élevée, mais elle ne fonctionnerait pas pour tous les patients. La thérapie par exposition pourrait être une avenue complémentaire intéressante pour les personnes qui ne répondent pas à la thérapie cognitivo-comportementale. Il reste toutefois beaucoup de recherche à faire avant de pouvoir utiliser le plein potentiel de la thérapie par exposition pour les problèmes de jeu.»
L'étude publiée dans Current Addiction Reports est signée par Pierre-Yves Bergeron, Isabelle Giroux et Maxime Chrétien, de l'École de psychologie et du Centre québécois d'excellence pour la prévention et le traitement du jeu de l'Université Laval, et par Stéphane Bouchard, de l'Université du Québec en Outaouais.