Paul Fortin, rhumatologue, professeur au Département de médecine et chercheur-clinicien au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, mène actuellement une étude clinique sur des patients atteints de maladies rhumatismales auto-immunes systémiques, comme la polyarthrite rhumatoïde. Traités avec un anticorps monoclonal, ils recevront une 4e ou une 5e dose de vaccin pour la COVID-19 dans le cadre d’une stratégie de vaccination mixte.
Cette étude est au nombre des projets de recherche auxquels participent actuellement les experts du Service de consultation statistique du Département de mathématiques et de statistique de l’Université Laval.
«Le projet vise à déterminer si les doses de rappel contre la COVID-19 sont sécuritaires et efficaces dans cette population de patients, explique la statisticienne Anne-Sophie Julien. Dans ce but, le patient doit fournir des données concernant les effets secondaires observés et l’activité de sa maladie. Des mesures sont aussi obtenues lors de prises sanguines avant et après la vaccination.»
Anne-Sophie Julien, Gaétan Daigle et David Émond forment l’épine dorsale du Service de consultation statistique. Ces experts travaillent sur des projets de professeurs et d’équipes de recherche de l’Université nécessitant des analyses et un apport statistique soutenu. Ils peuvent aussi collaborer à des projets d’étudiants-chercheurs à la maîtrise ou au doctorat. Ils desservent également une clientèle de l’extérieur de l’Université: organismes gouvernementaux, centres de recherche, organismes à but non lucratif, autres universités, entreprises.
En 2021-2022, ces consultants ont participé à 130 projets de recherche, dont 4 en lien avec la COVID-19, provenant de professeurs et d’équipes de recherche de l’Université, pour un total de 1379 heures. Ils ont aussi pris part à 45 projets de clients externes pour un total de 794 heures.
«Nous collaborons régulièrement avec les gouvernements provinciaux et fédéraux afin de surveiller les populations de différentes espèces animales, comme des oiseaux, des poissons ou du gros gibier, précise Anne-Sophie Julien. Par exemple, nous pouvons contribuer à la planification d’études de dénombrement et à l’analyse des données ainsi générées. On peut faire des extrapolations afin d’estimer le nombre d’individus réel sur un certain territoire. On peut comparer les nombres annuels estimés, afin de voir si la population est en déclin ou non.»
Le Service comprend également une petite équipe d’étudiantes et d’étudiants aux cycles supérieurs en statistique. Leur mandat consiste à offrir leurs services de consultants aux étudiants-chercheurs aux cycles supérieurs. En 2021-2022, les premiers ont conseillé les seconds sur 87 projets de mémoires de maîtrise et 93 projets de thèses de doctorat, pour un total de près de 500 heures de consultation à travers 15 facultés.
Des mathématiques très appliquées
«La statistique est une belle application des mathématiques, soutient David Émond. C’est la science de l’analyse des données. Elle fait autant l’analyse des données déjà collectées que des données à collecter. On utilise cette science pour décrire, prédire, expliquer un phénomène. La décision qui sera prise sera la moins subjective possible.»
Gaétan Daigle renchérit. «L’outil statistique, dit-il, aide à prendre une décision appuyée sur des données scientifiques. Et les applications sont extrêmement variées. On peut appliquer nos modèles statistiques dans différents domaines, que ce soit la foresterie, la médecine ou les sciences sociales. On peut notamment faire des méta-analyses pour donner un portrait global basé sur toutes les études publiées sur un même sujet.»
Aider les étudiants et les professeurs à choisir et utiliser correctement les méthodes d’analyse statistique appropriées, interpréter et présenter des résultats statistiques, participer à l’implantation et à la mise en œuvre de nouvelles méthodes statistiques ou encore effectuer l'analyse de données: tel est le mandat du Service.
L’ordinateur, avec de bons processeurs et beaucoup de mémoire, s’avère un outil indispensable aux statisticiens d’aujourd’hui. «Nous travaillons tous sur notre ordi portable, indique Anne-Sophie Julien. Certains calculs se font en quelques secondes. Parfois on doit laisser notre ordinateur travailler pendant une fin de semaine pour avoir certains résultats plus complexes. Les avancées technologiques permettent aujourd’hui de jongler avec des données beaucoup plus massives et des modèles statistiques plus complexes.»
La science statistique a beaucoup évolué à travers les années. Les modèles utilisés en 1984, au moment de la création du Service, sont dépassés. «Nous sommes toujours à la fine pointe de ce qui se fait, souligne Gaétan Daigle. Mais je dirais que ce qui a beaucoup évolué est le fait qu’au début du Service, les gens venaient nous consulter avec des données en main en nous demandant: pouvez-vous les analyser? Aujourd’hui, on intervient plus au stade de la planification. Les chercheurs viennent nous consulter tout au début de leur recherche pour, notamment, déterminer la taille de l’échantillon. Nous planifions l’enquête en étroite collaboration. Cela donne une enquête cent fois meilleure que si elle avait été planifiée individuellement.»
Quelques chiffres
Du 1er mai 2021 au 30 avril 2022, l’équipe étudiante du Service de consultation statistique a conseillé les étudiantes et les étudiants de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation sur 48 projets, ceux de la Faculté de médecine avec 36 projets et ceux de la Faculté des sciences sociales avec 24 projets. En 2012, le nombre de projets étudiants se subdivisait en 80 mémoires et 61 doctorats.
Les professionnels du Service ont, quant à eux, travaillé sur 40 projets de recherche provenant de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, 30 projets de la Faculté de médecine et 10 de la Faculté des sciences sociales. Quant aux mandats provenant d’organismes gouvernementaux, ils ont été au nombre de 17 sur 45, pour plus de 500 heures de travail.