
— Neil Schomaker
Vingt-huit étudiants du Chili, de France, du Mexique, du Japon, de Taiwan, des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada sont sur le campus jusqu'au 29 juillet pour découvrir «l'effet Québec». À travers une école d'été en marketing international, ils apprennent à connaître la Belle Province et comment les entreprises d'ici utilisent leurs spécificités québécoises pour se démarquer aux quatre coins du globe.
Après deux ans de formation virtuelle, ce cours offert en anglais par la Faculté des sciences de l'administration (FSA) à des étudiants de premier cycle à l'international reprend sous sa forme habituelle, en présentiel. L'objectif? «On assume certains clichés, mais on va surtout bien au-delà. On plonge par exemple dans le sirop d'érable. C'est un produit qui est super populaire ici et qu'on retrouve dans chaque foyer puisqu'on le cuisine abondamment. Mais on leur présente d'un point de vue entrepreneurial», explique Antoine Cauchon, directeur des Missions commerciales de l'Université Laval, qui donne le cours en compagnie du chargé d'enseignement Georges-Alexandre Rodrigue.
Au programme, il y a notamment une conférence de Yannick Leclerc, un ancien de la FSA, aujourd'hui copropriétaire de Maple 3. Cette compagnie fait de l'eau d'érable d'hydratation qui rivalise avec les eaux de coco. Les étudiants apprendront comment les Québécois font la promotion de leurs produits, comment il les mettent en marché ici et ailleurs. Maple 3 est notamment allé chercher l'une des plus importantes influenceuses en Corée pour développer ce marché.

— Maple 3
Le groupe visitera également l'enseigne québécoise Surmesur, spécialisée dans la création de vêtements personnalisés et implantée au Canada, aux États-Unis et au Mexique. «On va nuancer la croyance selon laquelle il faut nécessairement adapter son positionnement lorsqu'on développe un marché extérieur», poursuit Antoine Cauchon. S'il est parfois possible d'avoir une approche similaire, ce n'est pas toujours le cas. Il précise que la promotion des produits Surmesur est par exemple adaptée aux consommateurs mexicains, qui apprécient les tenues formelles et très soignées lors des mariages, alors qu'ici, on opte parfois pour des tenues estivales plus décontractées.

— Surmesur
Antoine Cauchon souhaite d'ailleurs faire ressortir ce côté québécois dans le monde des affaires, moins formel et hiérarchisé qu'il ne l'est en Amérique latine, en Europe ou en Asie.
Du trappage aux jeux vidéo
La formation de deux semaines dresse un «portrait économico-historique» du Québec. Les formateurs déboulonnent le mythe des autochtones canadiens qui vivent dans un iglou. Ils distinguent brièvement les Inuits des Premières Nations et des Métis, reviennent sur le commerce de fourrure avec les premiers peuples en Nouvelle-France. «Les étudiants apprennent comment on est passé du trappage à la construction de navires, comment on en est arrivé à faire beaucoup d'hydro-électricité, d'aluminium et de jeux vidéo. Pour expliquer les traits culturels qui nous démarquent, on fait un petit retour sur Le Code Québec de Léger», dit-il en parlant du livre bâti sur des milliers de sondages pour décrypter l'ADN de la psyché du peuple québécois.
En résumé, les sept caractéristiques qui nous définissent: un mélange de folie latine (heureux), de tolérance amérindienne (consensuel), de flegme britannique (détaché), d'obédience catholique (victime), de ténacité nordique (villageois), de créativité française (créatif) et d'optimisme américain (fier). «Je pense qu'il faut le prendre avec un peu de détachement. Mais l'idée est de démystifier les Québécois et de montrer comment ces traits se répercutent dans les affaires, par exemple lorsqu'on pense à toutes nos industries créatives, comme le Cirque du Soleil», mentionne Antoine Cauchon.
— Antoine Cauchon
Des étudiants surpris
À l'inverse, comment fait-on du commerce au Québec? Un autre volet de l'école d'été aborde cette question. Le formateur rapporte que les étudiants sont toujours très surpris d'apprendre qu'il y a des réalités culturelles différentes au pays, qu'il y a eu deux référendums au Québec qui ont eu des impacts sur les investissements des entreprises étrangères. «C'est tout nouveau pour eux. Leur réaction: pourquoi voudrait-on quitter le Canada, qui a une image de marque si forte à l'international?»
Les étudiants sont également frappés par l'importance de la langue française au Québec. «Ils ne sont pas au courant que c'est une province au complet qui la parle à la maison, que ce n'est pas juste une poche de résistance, mais 8 millions de personnes», soulève Antoine Cauchon.
— Antoine Cauchon
Formation pratico-pratique
Avec tout ce bagage en main, les étudiants de passage auront à se mettre dans la peau de consultants, à présenter une étude de marché et à monter un plan d'exportation pour le Québec et à l'international. «On mise beaucoup sur l'aspect pratico-pratique. On espère vraiment que cette école d'été leur serve dans leur carrière», indique le coformateur, qui salue au passage le travail d'équipe de la FSA pour rendre l'expérience inoubliable.
Nouveau programme à l'automne
Par ailleurs, le programme Missions commerciales, qui s'adresse aux étudiants de l'Université Laval depuis 26 ans, aura une nouveauté à la rentrée d'automne. Il passera de 40 à 60 étudiants. «On augmente l'offre avec un nouveau service. Ça fait des années que les entrepreneurs nous donnent des mandats pour trouver des candidats intéressés à venir travailler au Québec. Donc, en plus des missions commerciales pour représenter des entreprises québécoises dans le but de vendre et d'exporter, il y aura des missions de recrutement de talents à l'international», annonce Antoine Cauchon.