Environ le quart de la population doit composer avec la douleur chronique. Comme la médication et les infiltrations produisent des résultats qui ne sont ni exceptionnels ni durables, l'autogestion est devenue une approche incontournable dans l'arsenal servant à affronter ce fléau.
La spécialiste de la douleur chronique, Anne Marie Pinard, de la Faculté de médecine et du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale, a résumé les grandes lignes de cette approche lors d'une conférence publique présentée le 20 avril dans le cadre de la série Grand rendez-vous en santé de la Faculté de médecine de l'Université Laval.
Changer votre vision de la douleur chronique
«La première étape est d'accepter la douleur. Avoir un sentiment d'injustice et de colère n'aide pas. La plupart des gens espèrent retrouver leur vie d'avant. Ils se disent: "Quand je n'aurai plus mal, je vais faire…". Il faut remplacer cette pensée par: "Même si j'ai mal, je vais faire…".»
Se fixer des objectifs qui nous plaisent et qui sont réalisables à court terme
«Il ne faut pas choisir ses objectifs en fonction de ce qui est souhaité par l'employeur, par la compagnie d'assurance, par le docteur ou par le physio. Il faut se fixer des objectifs qui sont significatifs pour soi et réalisables à court terme. Faire cinq minutes d'exercice, c'est cinq minutes de plus que zéro.»
Bouger!
«On casse les oreilles des patients avec ça, mais il faut bouger. Il faut accepter qu'il y ait un certain niveau de douleur au début. C'est pourquoi il faut commencer petit, choisir une activité qui nous plaît et espacer les périodes d'activité physique pour ne pas se retrouver continuellement en déficit d'énergie et en douleur.»
Célébrer vos réussites
«Quand on souffre de douleur chronique, on vit beaucoup d'échecs. On a consulté un médecin, un physio, un psychologue et la douleur persiste. Cette succession d'échecs peut affecter le moral et l'estime de soi. Il faut trouver un moyen d'avoir des victoires, même si elles sont petites, il faut les célébrer et avoir de la gratitude pour ses progrès.»
Demander de l'aide
«Demander de l'aide n'est jamais facile et le fait que la douleur ne soit pas visible aux yeux des autres n'aide pas. Il faut trouver le courage de dire sa douleur à nos proches, de dire à quel point c'est difficile au quotidien. De plus, il ne faut pas hésiter à faire appel aux ressources communautaires existantes en appelant au 211 ou, si ça va moins bien, à la ligne Info-Social 811.»
S'informer en consultant des ressources fiables
«On trouve toutes sortes de choses sur Internet. Il faut donc s'assurer que l'information soit fiable. Pour savoir si c'est le cas, il faut que la source soit un spécialiste ou une association reconnue, que l'information soit récente et qu'elle s'appuie sur des recherches scientifiques.»
La professeure Pinard a elle-même collaboré au site Web Gérer ma douleur destiné aux personnes aux prises avec la douleur chronique, aux proches aidants et aux professionnels de la santé. Toute l'information qui y est présentée a été validée par des professionnels de la santé ou par des chercheurs qui étudient la douleur chronique.