Il y a davantage de risques que les symptômes d'une commotion cérébrale perdurent si l'accident qui en est responsable cause des blessures concomitantes. En pareil cas, le risque de non-retour aux activités normales 90 jours après l'accident est deux fois plus élevé, révèle une étude multicentrique publiée dans Brain Injury.
Natalie Le Sage, professeure à la Faculté de médecine et chercheuse au Centre de recherche sur les soins et les services de première ligne et au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, et un groupe de 16 chercheurs en ont fait la démonstration en examinant l'évolution de la condition de 1725 personnes recrutées dans 7 hôpitaux canadiens à la suite d'une commotion cérébrale. Du nombre, 1055 présentaient au moins une blessure concomitante au moment où elles ont été examinées. Il s'agissait le plus souvent de contusions, de lacérations, de fractures ou d'entorses.
Trois mois après l'accident, le risque de ressentir au moins trois symptômes de commotion cérébrale était 26% plus élevé chez les patients qui avaient subi des blessures concomitantes. L'augmentation du risque d'étourdissements (51%), de fatigue (34%), de maux de tête (48%) et de ralentissement de la pensée (49%) était particulièrement notable.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la gravité de l'impact qui a causé le traumatisme n'est pas forcément en cause ici. «La présence de fractures, suggérant un impact plus sévère au moment de l'accident, n'a pas d'effet sur la persistance des symptômes post-commotion, constate Natalie Le Sage. Nos résultats concordent avec l'hypothèse voulant qu'une commotion cérébrale déclenche la libération de certaines substances pro-inflammatoires qui conduisent à une inflammation du système nerveux. Lorsque des blessures s'ajoutent à la commotion cérébrale, la réaction inflammatoire dans le cerveau pourrait être exacerbée.»
Urgentologue et clinicienne-chercheuse, la professeure Le Sage croit que l'on peut tirer des enseignements pratiques de l'étude publiée dans Brain Injury. «Au moins 15% des personnes qui ont eu une commotion cérébrale en ressentent encore les effets trois mois après l'accident, rappelle-t-elle. Les professionnels de la santé qui traitent les victimes de commotion cérébrale devraient les interroger au sujet des symptômes post-commotion que nous avons identifiés chez les personnes qui ont eu des blessures concomitantes. Il faudrait assurer un suivi étroit à celles qui manifestent ces symptômes et les aiguiller vers les ressources adaptées à leur cas. Leur retour aux activités normales en dépend.»
Les autres chercheurs de l'Université Laval associés à l'étude sont Vincent Ouellet, Valérie Boucher, Frédérique Beauchamp, Xavier Neveu, Patrick Archambault, Simon Berthelot, Marcel Émond, Jérôme Frenette, Éric Mercier, Lynne Moore et Marie-Christine Ouellet.