
La riviére Chaudière est régulièrement sortie de son lit au cours des dernières années à la suite de formation d'embâcles. Sur cette photo, prise à Beauceville en avril 2019, un embâcle cause une remontée importante des eaux et une inondation sur la route et les terrains riverains.
— Jean-Robert Ladouceur
Les dommages résultant d'inondations provoquées par des embâcles pourraient augmenter, en moyenne, de 30% sur 7 rivières du Québec au cours des prochaines décennies. Ces inondations, qui ont durement frappé le sud du Québec depuis quelques années, se déplaceront progressivement vers le nord. C'est ce que démontrent des chercheurs de l'Université Laval dans un article qui vient de paraître dans la revue scientifique Water.
Benoit Turcotte, Brian Morse et Gabriel Pelchat, du Département de génie civil et de génie des eaux, ont réalisé des simulations à partir de données hydrologiques portant sur les rivières L'Assomption, Châteauguay, Saint-François, Chaudière, Matapédia, Matane et Mistassini. Ces données incluaient notamment la fréquence des embâcles et des inondations subséquentes sur ces rivières entre 1947 et 2016.
Les chercheurs ont ensuite réalisé des projections pour la période 2042-2070 grâce à des modèles empiriques de formation d'embâcles, à des modèles de simulation hydrologique et aux données prévisionnelles de changements climatiques. La valeur des dommages a été calculée à partir des indemnités versées entre 1991 et 2014 par le ministère de la Sécurité publique du Québec.
Les analyses montrent que le réchauffement climatique devrait se solder par une réduction du nombre d'embâcles et par une diminution des dommages sur la rivière Châteauguay. «Il y aura moins de glace, elle sera moins épaisse et elle restera moins longtemps, de sorte qu'il y a aura moins d'inondations. Les dommages pourraient diminuer de 50%», résume le responsable de l'étude, Brian Morse.
— Brian Morse
Sur les rivières Chaudière et Saint-François, le risque de formation d'embâcles devrait demeurer à son niveau actuel. Par contre, advenant un réchauffement de 3,3 à 4,2oC, le risque d'embâcles augmentera sur les quatre autres cours d'eau étudiés. Il s'ensuivra une hausse des dommages sur les rivières L'Assomption (+20%), Matapédia (+75%), Matane (+50 %) et Mistassini (+200 %).
Le chercheur précise qu'il s'agit de la première étude qui décrit l'évolution du risque d'embâcles sur des rivières du Québec en réponse aux changements climatiques. «C'est un outil de travail qui donne un premier aperçu de ce qui pourrait se produire au cours des prochaines années. Nos résultats aideront les responsables des MRC et des ministères à mieux se préparer. Notre modèle peut être adapté pour prédire ce qui se produira sur d'autres rivières, à condition d'avoir des données aussi fiables que celles dont nous disposions.»