
La fiction a le pouvoir d'interpeller les enfants. Elle peut leur faire vivre des émotions. Les personnages à qui l'enfant s'identifie lui permettent d'apprendre beaucoup sur lui-même, sur les autres et sur le monde, notamment sur la nature et la nécessité de la protéger.
«Dans les travaux de la Chaire, nous nous inspirons des recommandations les plus récentes de l'Unesco en matière d'éducation au développement durable, explique la professeure Bader. Le développement durable fait désormais partie de la réalité dans tous les pays du monde. Les éditeurs de livres pour enfants ont senti le vent tourner il y a une dizaine d'années. Certains se spécialisent même dans l'éducation à l'environnement. Cette effervescence se traduit aujourd'hui par de nombreux titres pour enfants de tous âges.»
On sait que la fiction a le pouvoir d'interpeller les enfants. Elle peut leur faire vivre des émotions. Les personnages à qui l'enfant s'identifie lui permettent d'apprendre beaucoup sur lui-même, sur les autres et sur le monde. «L'expérience littéraire que l'école peut offrir permet notamment de sensibiliser l'enfant à la beauté de la nature, afin qu'il puisse s'en émerveiller, et ainsi renforcer le lien affectif qu'il peut avoir avec le monde vivant», indique Barbara Bader.
Selon elle, l'efficacité d'une telle approche repose sur la qualité des œuvres littéraires sélectionnées. Elles doivent être bien écrites, richement illustrées et de belle portée éducative. «Notre guide, poursuit-elle, veut susciter la curiosité des enfants, leur étonnement, leur réflexion, des émotions, leur jugement critique et leur créativité. Il s'agit de les interpeler sur des questions importantes, mais toujours avec nuance, souvent avec humour, jamais de manière moralisatrice, ni culpabilisante.»
Le guide comprend 10 activités éducatives destinées aux enfants du préscolaire et du primaire. Ces activités sont indépendantes les unes des autres, et complémentaires. Chacune des activités présente une œuvre littéraire ayant fait l'objet d'une sélection rigoureuse. La première, éditée au Seuil en 2013, s'intitule Petit pingouin et Pomme de pin, de Salina Yoon. Elle s'adresse aux lecteurs du préscolaire. C'est l'histoire d'un pingouin qui trouve une pomme de pin sur la banquise. Pomme de pin a très froid. Petit pingouin tente de s'en occuper, puis décide de la ramener dans la forêt. «Cette histoire se veut une réflexion, peut-être un point de départ, qui sera associée avec des contacts plus fréquents avec la nature, soutient la professeure Bader. Nous soulignons l'importance du lien affectif avec la nature. Plusieurs chercheurs mettent en lumière le fait que les jeunes urbains sont de plus en plus coupés de la nature, de ses plaisirs et de ses bienfaits.»

L'activité numéro 8 du guide est destinée aux élèves de troisième cycle du primaire. Le livre utilisé pour la démonstration s'intitule La petite sœur du Chaperon rouge. Cet ouvrage, écrit par Didier Lévy et Clotilde Perrin, a été publié en 2015 par les Éditions Milan. Il raconte l'histoire de Carlotta, la petite sœur du Chaperon rouge. Cette enfant aime la forêt, un lieu grouillant de vie, de couleurs, de surprises. Préserver ce milieu devient pour elle une priorité. Lorsque sa famille entend couper des arbres dans un but économique, Carlotta et ses amis animaux quittent la forêt pour s'installer sur une île. «Les livres servent à amorcer une critique de notre société de surconsommation, précise-t-elle, toujours dans l'esprit du développement durable, ce que nous faisons avec les élèves plus vieux.»

En cours de projet, les trois enseignantes ont testé leurs activités auprès d'élèves d'une école primaire de Portneuf, près de Québec. Elles ont réajusté leurs concepts en fonction des commentaires des enfants et de leurs enseignantes.
Le guide se veut un outil adapté à la réalité des enseignants. Les activités conçues par Barbara Bader, Brigitte Carrier et Marta Teixeira sont des situations d'apprentissage stimulantes pour les enfants, sur les plans tant cognitif et affectif que social et éthique. «Le guide tombe à point, mais il ne suffit pas, indique la professeure Bader. Nous voulons créer des capsules d'auto-enseignement pour les enseignants. Ces capsules expliqueraient nos principes et la façon d'animer les ateliers à partir des livres. Ce serait une bonne manière de continuer.»
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