
L’incidence de l’alzheimer est faible avant 65 ans, mais elle double tous les 6 ans par la suite. Cette hausse correspond à une période de la vie pendant laquelle le métabolisme et la température corporelle diminuent chez les personnes âgées. De plus, l’alzheimer touche des zones du cerveau impliquées dans la thermorégulation, ce qui pourrait créer un cercle vicieux.
Trois observations ont incité l’équipe du professeur Calon à explorer la piste de la thermogénèse. La première, l’incidence de l’alzheimer est faible avant 65 ans, mais elle double tous les 6 ans par la suite. La seconde, le métabolisme et la température corporelle diminuent chez les personnes âgées. La troisième, l’alzheimer touche des zones du cerveau impliquées dans la thermorégulation, ce qui pourrait créer un cercle vicieux.
Pour mener leurs travaux, ces chercheurs utilisent une lignée de souris transgéniques qui expriment certaines manifestations de l’alzheimer, notamment la formation de protéines humaines tau anormales dans le cerveau. Leurs travaux antérieurs avaient montré qu’en vieillissant, ces souris parviennent moins bien que les souris normales à maintenir leur température corporelle. De plus, une exposition de 24 heures à une température ambiante de 4 degrés Celsius exacerbe davantage la formation de protéines tau anormales dans leur cerveau.
Les chercheurs ont voulu savoir ce qui se produirait s’ils stimulaient la thermorégulation chez ces souris. L’une des façons d’y arriver est de les exposer au froid à répétition pendant de courtes périodes. «Le but est de provoquer une acclimatation au froid en stimulant la thermogénèse de la graisse brune», résume Marine Tournissac. Les souris ont donc été placées dans un environnement à quatre degrés Celsius à raison de quatre heures chaque jour, cinq jours par semaine, pendant un mois.
Résultats? À partir de la sixième séance d’exposition au froid, les souris transgéniques parviennent à mieux maintenir leur température corporelle et elles améliorent la régulation de leur taux de glucose sanguin. Au terme de l’expérience, le niveau de protéines tau anormales n’était pas plus élevé chez ces souris que chez celles du groupe témoin, maintenues à une température constante de 22 degrés Celsius. L’amélioration de la thermogénèse les protégerait donc contre la formation de protéines tau induite par le froid.
Évidemment, les chercheurs n’envisagent pas d’exposer au froid des personnes âgées atteintes d’alzheimer. «Ce serait trop complexe, risqué et dangereux pour ces patients. Notre idée est de recourir à des médicaments qui améliorent la thermorégulation, explique Marine Tournissac. Il existe déjà des médicaments de ce type qui ont été testés en clinique chez des personnes souffrant de maladies métaboliques. Nous avons commencé à évaluer leur efficacité chez nos souris modèles d’alzheimer.»
Les auteurs de l’étude présentée au congrès de la Society for Neuroscience sont Marine Tournissac, Philippe Bourassa, Ruben Dario Martinez Cano, Tra My Vu, Sébastien Hébert, Emmanuel Planel et Frédéric Calon. Ces chercheurs sont rattachés à la Faculté de pharmacie, à la Faculté de médecine, au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval et à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels.