
Les fruits du camu-camu contiennent 20 à 30 fois plus de vitamine C que le kiwi et 5 fois plus de polyphénols que les mûres.
— Wikimedia Commons/Agroforum Perú
Le camu-camu (Myrciaria dubia) croît dans les forêts tropicales de la Colombie, du Pérou, de l'Équateur, du Brésil et de la Bolivie. Ses fruits ont une composition chimique exceptionnelle, souligne le responsable de l'étude, André Marette. En effet, ils contiennent 20 à 30 fois plus de vitamine C que le kiwi et 5 fois plus de polyphénols que les mûres. «Dans nos travaux antérieurs, nous avons démontré les effets bénéfiques sur la santé de certains petits fruits riches en polyphénols comme la canneberge. C'est ce qui nous a donné l'idée de tester les effets du camu-camu sur l'obésité et les maladies métaboliques», explique le professeur de la Faculté de médecine.
Les chercheurs ont soumis deux groupes de souris à une diète riche en sucres et en gras pendant huit semaines. La moitié de ces souris recevaient quotidiennement des extraits de camu-camu. Au terme de l'expérience, le gain de poids chez les souris du groupe camu-camu correspondait à 20% de leur poids initial, un pourcentage deux fois moins élevé que ce qui a été observé chez les souris du groupe témoin. La différence entre les deux groupes s'expliquerait par une augmentation du métabolisme de base des souris recevant les extraits. «L'effet du camu-camu est substantiel, commente le professeur Marette. En fait, le gain de poids des souris qui recevaient les extraits de ce fruit est comparable à celui que nous avons observé dans un autre groupe de souris soumises à un régime de type végétarien ultra-santé.»
Les chercheurs ont aussi découvert que le camu-camu améliore la tolérance au glucose et la sensibilité à l'insuline chez les souris. De plus, il réduit la concentration d'endotoxines dans le sang et la réponse inflammatoire systémique. «Tous ces changements s'accompagnent d'une reconfiguration du microbiote intestinal, notamment une prolifération de A. muciniphila et une forte réduction des bactéries du genre Lactobacillus», souligne le professeur Marette. La transplantation de microbiote intestinal provenant de souris du groupe camu-camu à des souris sans microbiote intestinal a produit temporairement les mêmes effets métaboliques que la prise d'extraits de camu-camu. «Ce serait donc par l'entremise du microbiote intestinal que le camu-camu produirait ses effets positifs sur le métabolisme», résume le chercheur.
André Marette veut maintenant vérifier si le camu-camu produit les mêmes effets métaboliques chez l'humain. La toxicité de ce fruit ne devrait pas poser problème puisque des extraits de camu-camu sont déjà commercialisés pour combattre la fatigue et le stress et pour stimuler le système immunitaire.
Cette étude est le fruit d'une collaboration entre des équipes de la Faculté de médecine, de la Faculté de pharmacie, de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels et du CHU de Québec – Université Laval. Les auteurs en sont Fernando Anhê, Renato Nachbar, Thibault Varin, Jocelyn Trottier, Stéphanie Dudonné, Mélanie Le Barz, Perrine Feutry, Geneviève Pilon, Olivier Barbier, Yves Desjardins, Denis Roy et André Marette.