Dans cette étude, l'équipe pilotée par Younès Messaddeq du Centre d'optique, photonique et laser montre qu'elle est parvenue à produire une telle fibre et à l'intégrer à un textile. «La fibre que nous avons développée agit à la fois comme capteur et comme antenne, explique le chercheur. En théorie, nous pouvons modifier la surface de la fibre pour qu'elle capte des informations sur le taux de glucose, le rythme cardiaque, l'activité cérébrale, les mouvements, les coordonnées spatiales ou autre chose. Chaque fibre aurait une fonction qui lui est propre.»
Cette fibre résulte de la superposition de plusieurs couches de matériaux: du cuivre, un polymère (polyimide), du verre et de l'argent. «Elle est à la fois résistante et malléable et on peut la tisser avec de la laine ou du coton, précise-t-il. De plus, la qualité du signal qu'elle produit est comparable à celle d'antennes commerciales.»
Cette preuve de concept a permis aux chercheurs d'enclencher une demande de brevet pour cette innovation. Il reste toutefois quelques aspects à régler avant d'envisager sa commercialisation. «Il faudra relier cette fibre à un réseau sans fil et régler la question de l'alimentation électrique, reconnaît le professeur Messaddeq. Nous avons déjà testé des solutions et les résultats sont encourageants.» Dernier point, très pratico-pratique, il faudra s'assurer que le textile est lavable et qu'il résiste aux produits contenus dans les détergents!
«Il y a un an, personne ne croyait qu'on arriverait à produire cette fibre. Depuis, nous avons fait beaucoup de progrès et notre innovation intéresse maintenant des entreprises. D'ailleurs, CorActive, une firme québécoise spécialisée dans la fibre optique, participe au développement de ce textile intelligent.»
L'étude parue dans Sensors est signée par Stepan Gorgutsa, Victor Bélanger-Garnier, Jeff Viens, Younès Messaddeq, du Département de physique, de génie physique et d'optique, Benoit Gosselin et Sophie Larochelle, du Département de génie électrique et de génie informatique, et Bora Ung, de l'École de technologie supérieure.