
Les alarmes sonores préviennent le pilote qu'il y a un problème sans solliciter davantage son attention visuelle. Malheureusement, en situation d'urgence, elles sont parfois ignorées.
François Vachon, Sébastien Tremblay et quatre chercheurs de l'Université de Toulouse ont invité 28 pilotes expérimentés à participer à des tests dans un simulateur de vol. Les chercheurs ont étudié les réactions des sujets à une alarme sonore signalant un problème avec le déploiement du train d'atterrissage. Cette alarme était activée lors de deux types d'atterrissage simulé: dans le premier cas, les conditions météorologiques étaient calmes et, dans le second, d'importantes bourrasques secouaient l'appareil.
Les résultats des tests montrent que lorsque les conditions sont calmes, tous les pilotes relèvent le signal sonore et effectuent la manœuvre qui s'impose dans les circonstances. Par contre, en conditions de bourrasques violentes, 39% ne relèvent pas cette alarme. «Un signal sonore important peut ne pas être noté lors d'une situation d'urgence où la charge attentionnelle est très élevée», résume François Vachon.
Les chercheurs ont découvert que l'ordre dans lequel les sujets exécutaient les tests influençait leur performance. Lorsque le scénario bourrasques était exécuté en premier lieu, seulement 36% des pilotes remarquaient l'alarme sonore. Lorsque ce scénario était présenté en second, 79% la relevaient. «Une préexposition au signal dans des conditions favorables prédispose les pilotes à noter le signal lorsqu'il se fait entendre de nouveau», commente le professeur Vachon.
Selon le chercheur, ces expériences montrent qu'il y a une limite à la quantité d'information qui peut être traitée efficacement par le cerveau, même chez des pilotes qui ont des milliers d'heures de vol à leur crédit. La surdité attentionnelle qui en découle peut avoir des conséquences dramatiques. «Quelques-uns des pilotes que nous avons testés ont tenté de poser l'appareil même si le train d'atterrissage n'était pas déployé», souligne-t-il.
Le défi consiste maintenant à trouver des moyens d'aider les pilotes à pallier ces limites cognitives, poursuit le chercheur. «Nos collègues de Toulouse travaillent à la mise au point des contre-mesures automatisées pour éviter que les pilotes se confinent dans un tunnel attentionnel. L'une d'elles consiste à faire disparaître très brièvement les voyants sur lesquels ils fixent toute leur attention.»