
Lucie Germain et ses collègues du LOEX parviennent à produire en laboratoire un épithélium de cornée à partir de cellules souches prélevées dans l'oeil des patients.
Au cours des deux dernières années, Richard Bazin a pratiqué six greffes de ce type sur des patients dont la cornée était devenue opaque. «Ces interventions ont donné d'excellents résultats. Une cornée saine s'est reformée et sa transparence a permis d'améliorer la vision de tous les patients», a résumé l'ophtalmologiste-cornéologue.
Pour le moment, cette intervention est pratiquée dans le cadre d'une étude clinique sur des patients qui ont une déficience en cellules souches cornéennes dans un seul œil. Ce problème peut survenir à la suite d'une blessure, d'une brûlure, d'une maladie ou d'une allergie qui réduit le nombre de cellules souches cornéennes. «Environ 70% de la force optique de l'œil provient de la cornée, a rappelé le professeur Bazin. Lorsque ces cellules ne parviennent pas à maintenir l'intégrité de la cornée, celle-ci devient opaque. Il en résulte une diminution de la vision, voire même la cécité.»
La greffe de cornée produite in vitro constitue l'aboutissement d'un travail entrepris il y a une quinzaine d'années par Lucie Germain et ses collaborateurs du Laboratoire d'organogénèse expérimentale (LOEX). «Pour produire le greffon qui sera transplanté, il faut d'abord prélever des cellules souches dans l'œil sain du patient, a expliqué la chercheuse. Ces cellules sont ensuite cultivées sur support biodégradable dans un milieu de culture approprié puis transplantées dans l'œil atteint du malade. Comme ce sont les cellules du patient qui sont transplantées, les risques de rejet sont très faibles.»
Cette technique pourrait éventuellement remplacer l'intervention actuelle qui consiste à prélever et à transplanter directement environ 50% des cellules souches de l'œil sain vers l'œil malade. «Avec notre approche, on prélève cinq fois moins de cellules souches et on parvient à sauver des yeux qui étaient perdus. Je crois que notre technique est là pour rester», a conclu le professeur Bazin.
Au cours des prochains mois, neuf autres patients doivent subir une greffe de cornée produite in vitro. Si les résultats de l'étude clinique sont concluants, l'intervention pourrait être offerte sur une base régulière. On estime qu'une cinquantaine de patients pourraient en profiter chaque année à l'Hôpital du Saint-Sacrement.