Les cellules saines possèdent des protéines, appelées suppresseurs de tumeurs, qui entrent en scène lorsque la croissance cellulaire est anormale. Ces protéines déploient alors des mécanismes pour bloquer la machinerie qui soutient la croissance et la multiplication des cellules. Lorsque leur intervention fonctionne, les cellules anormales meurent. Dans le cas contraire, elles prolifèrent et font la sourde oreille aux signaux leur ordonnant de cesser leur multiplication. L'ARF est l'un de ces suppresseurs de tumeurs et le dérèglement du sentier de signalisation dans lequel il intervient est observé dans 40 % des cancers.
Comment l'ARF parvient-il à enrayer la prolifération des cellules anormales? Pour soutenir un taux élevé de croissance et de division cellulaire, les cellules cancéreuses doivent produire beaucoup de protéines. Elles y parviennent en augmentant le nombre de leurs ribosomes, ces microscopiques usines où sont assemblées les protéines à l'intérieur de la cellule. L'équipe du Centre de recherche en cancérologie est parvenue à démontrer que l'ARF intervient directement pour bloquer la production de nouveaux ribosomes. «L'ARF empêche la TTF, une protéine essentielle à la production des ribosomes, de se rendre dans le nucléole où sont synthétisés les ribosomes, explique Frédéric Lessard. Cette découverte nous offre de nouvelles cibles dans le traitement des tumeurs.»