
La structure souterraine découverte par les chercheurs permettrait aux morilles de profiter des conditions propices à la fructification qui prévalent après un incendie de forêt.
Dans un récent numéro de la revue Mycologia, Franck Stefani, Serge Sokolski, Yves Piché et J. André Fortin, du Département des sciences du bois et de la forêt, et leurs collaborateurs Trish Wurtz (U. de l'Alaska), Richard Hamelin et Jean Bérubé (Centre de foresterie des Laurentides) décrivent cette structure souterraine qu'ils ont nommée radiscisclérotium. «Comme pour un iceberg, la partie cachée de ce champignon est aussi volumineuse que la partie visible», commente Yves Piché. Cette structure ressemble à une extension souterraine de la «tige» du champignon et elle se ramifie en deux ou trois branches rappelant des racines. Le radiscisclérotium est rigide et il renferme des hyphes, les cellules filamenteuses qui forment les tissus souterrains d'un champignon. «Notre hypothèse est que le radiscisclérotium est suffisamment profond pour être épargné par les incendies de forêt, ce qui permettrait à cette morille de pousser en force après un feu», avance le professeur Piché. Ce champignon pourrait ainsi ressurgir du sol, après des années de vie cachée, à la faveur d'un incendie forestier. On ignore pour l'instant si les autres espèces de morille possèdent une structure semblable.
Les chercheurs ont fait cette découverte chez Morchella tomentosa, une espèce de morille qui a été décrite pour la première fois en 2004 et qui a reçu un statut taxonomique en 2008. Cette espèce comestible peuple les forêts de conifères de la côte Ouest et des Rocheuses, depuis l'Oregon jusqu'à l'Alaska. «On la reconnaît facilement parce qu'elle a du “poil dans les oreilles”, dit J. André Fortin à la blague. Plus sérieusement, la présence de “poils” dans les replis en forme de losanges de sa fructification la rend très facile à distinguer des autres espèces.» Les analyses de similitude génétique effectuées par les chercheurs de l'Université et leurs collaborateurs suggèrent que ce champignon serait, sur le plan taxonomique, le premier représentant d'un nouveau groupe de morilles.