
Adieu taches jaunâtres
«Dans ces salons, un paquet de rallonges faites de cheveux naturels coûte très cher et il faut à peu près trois paquets pour faire une tête complète, ce qui peut aller chercher dans les 300 $,» explique Lilianne Bordeleau qui a visité plusieurs des établissements fréquentés par les participantes à son étude. «Quand je leur demandais pourquoi elles faisaient défriser leurs cheveux ou utilisaient des rallonges, les femmes évoquaient l’aspect pratique de la chose, dans un contexte de vie nord-américain où elles étaient toujours pressées, dit la chercheuse. Elles trouvaient que les cheveux lisses étaient plus simples et plus rapides à coiffer ou que c’était à la mode.» Parmi les répondantes, aucune n’a toutefois déclaré utiliser nommément des produits éclaircissants pour la peau, bien que la chercheuse ait aperçu sur les étagères de certains salons quelques flacons de crème ayant le soi-disant pouvoir d’enlever les taches jaunâtres ou encore d’unifier le teint.
«Dans la tête de plusieurs femmes, ce qui est blanc est beau et ce qui est noir est laid, affirme Lilianne Bordeleau. C’est encore plus vrai en Afrique où des milliers de femmes n’hésitent pas à utiliser des crèmes blanchissantes parce qu’elles estiment qu’une peau plus claire augmente leurs chances de trouver un mari. Malheureusement, beaucoup meurent du cancer de la peau ou d’autres maladies en raison des substances cancérigènes que contiennent ces produits.» Cela dit, plusieurs des femmes d’origine haïtienne interrogées par Lilianne Bordeleau affirmaient être conscientes de ce culte de la blancheur qui trouverait ses racines dans le passé colonialiste et esclavagiste de certains pays.
«Beaucoup de Noirs ont été influencés positivement par Michael Jackson parce que cet artiste représente pour eux un modèle de succès, conclut Lilianne Bordeleau. Par contre, d’autres se sont dit que c’était un Noir qui avait peut-être réussi, mais qu’il avait constamment cherché par tous les moyens à ressembler à un Blanc. On en est encore là.»