
— Marc Robitaille
Des tests in vitro réalisés par les chercheurs Mathieu Lafontaine-Lacasse, Geneviève Doré et Frédéric Picard ont révélé que l'exposition à la glucosamine provoque une augmentation considérable de la mortalité des cellules du pancréas. Le taux de mortalité cellulaire augmente en fonction de la dose de glucosamine et de la durée de l'exposition. «Aux fins de l'expérience, nous avons utilisé des doses cinq à dix fois supérieures à la dose recommandée par la plupart des fabricants (1500 mg/jour), souligne Frédéric Picard. Des études antérieures ont révélé qu'une bonne proportion des consommateurs de glucosamine augmentent la posologie dans l'espoir d'obtenir plus d'effets.»
La glucosamine est un glucide dont la structure chimique s'apparente à celle du glucose. Les chercheurs ont d'ailleurs montré que, tout comme le glucose, elle stimule un mécanisme de soupape (la synthèse des hexoamines) qui sert à abaisser le taux de glucose sanguin. La production d'hexoamines a toutefois un effet négatif sur une protéine, la SIRT1, qui joue un rôle dans la survie de la cellule. Une élévation de la concentration des hexoamines diminue le niveau de SIRT1 et, conséquemment, favorise l'activation du mécanisme de mort cellulaire dans les tissus où cette protéine est particulièrement abondante, soit le pancréas et le cerveau. La mort des cellules du pancréas est liée au développement du diabète.
Les personnes qui consomment beaucoup de glucosamine, celles qui en consomment pendant de longues périodes et celles qui possèdent peu de SIRT1 dans leurs cellules courraient donc plus de risques. Chez plusieurs espèces de mammifères, le niveau de SIRT1 diminue avec l'âge. La chose n'a pas été démontrée chez l'humain, mais si c'était le cas, les personnes âgées, qui constituent la clientèle cible de la glucosamine, seraient encore plus vulnérables. «La glucosamine peut avoir des effets qui sont loin d'être anodins, commente Frédéric Picard. Il ne faut pas en consommer comme s'il s'agissait de simples comprimés de farine.»