
L'insertion d'un tuteur coronarien par une artère du bras limite les complications de l'angioplastie, ce qui permet au patient de quitter l'hôpital dans les heures qui suivent l'intervention.
— Angiotech Pharmaceuticals
L'angioplastie coronarienne consiste à désobstruer un vaisseau du coeur et à insérer un tuteur (stent) servant à maintenir ce vaisseau ouvert. Stéphane Rinfret, Josep Rodés-Cabau, Olivier Costerousse et Olivier Bertand, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie, et quatre collaborateurs de Montréal et de Kansas City ont comparé les coûts engendrés par deux approches de suivi des patients après l'intervention: l'approche habituelle, qui consiste à garder les patients en observation pendant au moins une nuit, et l'approche ambulatoire où les patients reçoivent leur congé de l'hôpital le jour même, s'il n'y a pas de complication. Les données qui ont servi aux analyses proviennent de 1005 interventions pratiquées entre 2003 et 2005 à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. Pour tous ces cas, les cardiologues ont inséré les instruments par une artère du bras (radiale), une méthode qui cause moins de complications que la méthode classique où l'insertion est faite au niveau de l'aine par l'artère fémorale.
Les données montrent que, dans le groupe ambulatoire, les patients ont reçu leur congé de l'hôpital 9 heures après l'intervention, alors que les autres ont été gardés en observation pendant 26,5 heures en moyenne. Les chercheurs ont estimé que la facture (excluant l'intervention comme telle) des services professionnels, de l'hospitalisation et des médicaments dans les 30 jours suivant l'intervention atteignait 1117$ pour la procédure ambulatoire contre 2258$ pour la procédure habituelle. La libération rapide des patients n'a eu aucune incidence sur le taux de réadmission à l'hôpital ou sur les autres paramètres reliés à la santé des patients.
Au Canada, 60 % des angioplasties coronariennes sont maintenant pratiquées par voie radiale, une approche qui réduit beaucoup les risques de saignement après l'intervention. «Dans 95 % des cas, il n'y a pas de complication, ce qui permet de donner congé au patient le jour même», souligne Stéphane Rinfret. En dépit des avantages de cette approche, les cardiologues américains tardent à l'adopter, constate-t-il. «Aux États-Unis, seulement 3 % des interventions sont faites par voie radiale. Nous pensons que l'argument de réduction des coûts pourrait faire avancer les choses.»
L’incidence croissante des problèmes cardiaques, les ressources limitées des hôpitaux et le caractère sécuritaire de l’angioplastie ambulatoire par voie radiale devraient concourir à faire de cette pratique la nouvelle norme médicale. Plus de 2 millions d'angioplasties coronariennes sont effectuées chaque année dans le monde, dont 15 000 au Québec.