C'est ce que tenteront de déterminer, au cours des cinq prochaines années, le professeur Yves Lacasse, de la Faculté de médecine, ses collègues François Maltais et Frédéric Series, et leurs collaborateurs de 19 centres hospitaliers répartis de Vancouver à Halifax. Grâce à une subvention de 5,5 millions de dollars provenant des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), cette équipe testera l'efficacité de l'oxygénothérapie nocturne sur un groupe de 620 patients dont le principal symptôme de la maladie, une diminution marquée de la concentration d'oxygène dans le sang, survient pendant le sommeil. «Comme c'est le cas pour bien d'autres traitements médicaux, l'oxygénothérapie nocturne est déjà prescrite à bon nombre de patients sans que l'on connaisse vraiment son efficacité, explique le responsable de l'étude, Yves Lacasse. Mais il ne se passe pas une journée sans que l'on se pose la question parce que la réponse pourrait avoir une incidence clinique importante sur le traitement de cette maladie.»
Les chercheurs étudieront l'évolution de l'état de santé et le taux de survie de malades qui profiteront de l'oxygénothérapie nocturne. Ces données seront comparées à celles obtenues chez un groupe de malades dont le concentrateur sera modifié pour livrer de l'air ambiant. «Tous les participants bénéficieront du suivi médical que l'on accorde habituellement aux personnes atteintes de MPOC», précise le pneumologue. L'hypothèse des chercheurs est qu'en empêchant la désaturation nocturne, l'oxygénothérapie préviendrait les problèmes (hypertension pulmonaire chronique, hypoxémie grave, défaillance cardiaque et même décès) qui se manifestent avec le temps chez les personnes atteintes de MPOC.
Le traitement de la MPOC coûte près de 3 milliards de dollars chaque année au Canada, dont la moitié est attribuable aux hospitalisations. Des économies substantielles pourraient être réalisées si l'oxygénothérapie nocturne s'avérait un moyen efficace pour stopper l'évolution de la maladie. Les chercheurs entendent d'ailleurs dresser le bilan coûts-bénéfices de ce traitement chez les patients souffrant de désaturation nocturne. Rappelons que le tabagisme est la principale cause de la MPOC: environ 85 % des personnes de plus de 35 ans qui en souffrent sont d'anciens fumeurs.