
«On sait peu de choses au sujet des effets du vieillissement sur le métabolisme énergétique, souligne Frédéric Picard, professeur à la Faculté de pharmacie. Récemment, des chercheurs ont découvert que le tissu adipeux viscéral influençait la longévité. Ces graisses, particulièrement néfastes pour la santé cardiométabolique, se logent autour des organes dans la cavité abdominale. Nous avons voulu savoir comment ce tissu pouvait jouer un rôle clé dans le vieillissement.»
Pour répondre à cette question, l'équipe du professeur Picard a utilisé des cellules adipeuses viscérales prélevées sur des animaux de laboratoire jeunes et âgés ainsi que sur des patients de différents âges au moment d'une chirurgie. Les chercheurs ont accordé une attention particulière à deux molécules, la SRC-1, une protéine impliquée dans la transcription de l'ADN, et la PPAR-gamma, une protéine qui intervient dans l'activation de gènes associés au métabolisme des lipides. L'action combinée de ces deux protéines favorise la sensibilité à l'insuline ainsi qu'une faible accumulation de graisses.
Les expériences réalisées par l'équipe du professeur Picard ont révélé qu'un changement important dans la dynamique de deux molécules survenait avec l'âge. «Le vieillissement réduit l'expression de la SRC-1 et, par conséquent, il y a une diminution des interactions avec la PPAR-gamma», résume-t-il. Cette diminution est observée aussi bien chez les animaux de laboratoire que chez l'humain. En 2002, le chercheur avait démontré que la surconsommation de calories activait le même mécanisme.
Frédéric Picard tire deux enseignements de ces résultats. Premièrement, les graisses viscérales sont responsables, en partie du moins, des problèmes de métabolisme énergétique qui se manifestent avec l'âge. Pour conserver un profil métabolique jeune, il faut donc éviter d'accumuler du gras viscéral en adoptant une saine alimentation, ou encore perdre du gras viscéral. «C'est justement le premier type de graisses que nous brûlons en pratiquant régulièrement une activité physique», précise-t-il. Deuxièmement, tout ce qui favorise l'expression de SRC-1 et son association avec PPAR-gamma pourrait atténuer les effets métaboliques du vieillissement. «Les laboratoires de plusieurs grandes compagnies pharmaceutiques sont à la recherche de molécules qui augmenteraient la sensibilité à l'insuline sans induire de gain de graisses. Des entreprises de biotechnologie, qui travaillent sur le même concept, sont aussi dans la course.»