
«L’approche psychologique combinée à la médication est efficace pour le traitement à court terme de l’insomnie, mais peu de patients parviennent à une rémission complète en utilisant un seul des deux traitements», explique Charles Morin, également chercheur associé au Centre de recherche Université Laval Robert-Giffard. La particularité de cette étude tient au fait que le traitement s’étend sur deux phases. Dans un premier temps, nous avons suivi nos patients durant six semaines et, dans un deuxième temps, durant une période de six mois. Comme l’insomnie est un problème qui perdure dans le temps, nous devons adapter nos traitements à cette réalité. Il nous reste à découvrir la combinaison la plus adéquate de thérapies afin de soulager le plus possible nos patients.»
Charles Morin: «Les gouvernements devraient investir davantage dans les ressources humaines pour favoriser les traitements non pharmacologiques de l’insomnie».
Une rémission complète
Aux fins de cette étude, le groupe a été divisé aléatoirement (deux groupes de 80 personnes) et a bénéficié du traitement psychologique seul, ou du traitement psychologique combiné à la prise de somnifères pour une durée de six semaines (phase 1), suivi d’une période de six mois de thérapie de maintien (phase 2). Résultat: 39 % des participants du groupe 1 ont connu une rémission complète avec le traitement psychologique au bout de six semaines, comparativement à 44 % pour l’approche combinée. Ces taux ont augmenté après la phase 2 à 45 % et 58 % respectivement pour l’approche psychologique et l’approche combinée. Au suivi de six mois après la fin du traitement, ceux qui avaient eu le traitement combiné pendant la première phase, suivi du traitement psychologique seul pour la deuxième phase, ont obtenu les meilleurs résultats à long terme, soit un taux de rémission de 68 %, comparé à un taux de 42 % pour ceux qui avaient continué à prendre des somnifères pendant la phase 2 (six mois).
«L’insomnie est un problème de santé publique qui affecte un large segment de la population, explique Charles Morin. Ainsi, 20 à 35 % de la population en souffrirait sur une base occasionnelle tandis que 10 % en serait affectée de façon chronique. L’insomnie chronique entraîne des difficultés à fonctionner dans la journée et une diminution de la qualité de vie. Quand le problème n’est pas traité, il entraîne des coûts psychologiques, sociaux et économiques très importants. D’où l’importance que les gouvernements investissent davantage dans les ressources humaines pour favoriser les traitements non pharmacologiques.»
Les chercheurs ayant contribué au projet sont Annie Vallières, Bernard Guay, Hans Ivers, Josée Savard, Chantal Mérette, Célyne Bastien et Lucie Baillargeon.