
Vincent Labrie, étudiant au certificat en administration, fait partie de l'équipe nationale canadienne de patinage de vitesse longue piste. Depuis l'automne, il fait usage de la boisson de récupération mise au point à l'INAF.
— Mike Ridewood
«Ce supplément nutritionnel sans ingrédient artificiel fait penser au Gatorade parce qu’il contient des hydrates de carbone et des glucides qui aident à récupérer après un effort», explique Benoît Lamarche, directeur de la Chaire en nutrition et santé cardiovasculaire à l’INAF et l’un des membres de l’équipe de recherche qui comprend également Charles Couillard, Annie Motard-Bélanger et Kim Labonté. «Mais notre concept est très nouveau, poursuit-il, parce que nous ajoutons au produit une molécule isolée puis extraite d’un petit fruit.» Selon le professeur Lamarche, les tests conduits sur des patineurs de pointe ont été concluants. «Il est difficile de mesurer le phénomène de récupération, indique-t-il. Nous avons donc mesuré de façon indirecte des fonctions physiologiques que l’on croit associées à la récupération. Nous avons noté une amélioration pour une de ces fonctions.»
Ce produit est le premier de trois suppléments nutritionnels naturels que l’INAF doit mettre au point pour le bénéfice des patineurs de vitesse de courte et de longue piste canadiens qui participeront aux Jeux olympiques de Vancouver l’hiver prochain. Une entente a été signée en ce sens entre l’INAF et Patinage de vitesse Canada. En deux ans, l’organisme fédéral a injecté quelque 90 000 $ dans le projet. «Le gouvernement fédéral, souligne Benoît Lamarche, reconnaît de ce fait que la nutrition joue un rôle majeur lorsqu’on vise une performance maximale.» Dans ce projet, les chercheurs de l’INAF sont en interaction avec des patineurs à l’entraînement à Québec et à Calgary. La plupart sont actifs sur le circuit de compétition de la Coupe du monde.
Effets à surveiller
Fin février, le deuxième supplément nutritionnel a été livré à l’INAF. «Il se présente sous la forme d’un comprimé et il se prend avant une course pour améliorer la performance, explique le professeur Lamarche. La chercheuse Muriel Subirade et moi avons inventé une façon d’utiliser une molécule qui existe déjà. Nous avons travaillé très fort dans l’in vitro pour protéger la molécule. Comme elle a tendance à induire des effets secondaires, nous avons formulé le supplément de façon à atténuer ces effets. L’étape suivante consistera à vérifier si les athlètes peuvent prendre ce supplément sans ressentir d’effets secondaires.»
Benoît Lamarche et Charles Couillard commenceront sous peu à travailler sur le troisième et dernier supplément. L’ingestion de ce produit se fera sous forme liquide, à hauteur de 100 millilitres, avant une course, dans le but d’augmenter la rapidité du patineur. Sa composition s’appuiera elle aussi sur une molécule extraite d’un fruit. «L’avantage du supplément sur des produits comparables est sa plus forte concentration, ce qui nécessitera d’ingurgiter beaucoup moins d’eau», précise le chercheur.
Après les Jeux, les suppléments pourront être commercialisés. Le professeur Lamarche est présentement en discussion à ce sujet avec Atrium Innovations, une entreprise de Québec spécialisée dans les suppléments nutritionnels scientifiquement éprouvés. En plus des suppléments, les chercheurs de l’INAF ont développé un logiciel qui permet, sous forme de questions, d’évaluer de façon rapide et pratique les habitudes alimentaires d’un athlète.