En 1953, le physiologiste français Jean Mayer proposait que les changements dans la concentration du glucose sanguin (glycémie) sont détectés par des glucorécepteurs qui interviennent dans la sensation de faim et le contrôle de l’appétit. Selon cette hypothèse, une chute de glycémie induit une sensation de faim qui stimule la prise alimentaire alors qu’une hausse de glycémie produit l’effet contraire. «C’est l’un des nombreux mécanismes biochimiques du contrôle de la faim qui ont été proposés au fil des ans, signale Angelo Tremblay. Il y en a d’autres, mais nos récents travaux soutiennent la théorie glucostatique de Mayer.»
En effet, l’équipe du professeur Tremblay a montré qu’au terme d’un régime, une glycémie basse constituait un très bon indicateur du nombre de kilos qu’une personne allait regagner au cours des six années suivantes. Dans une autre étude, les chercheurs ont découvert qu’une faible glycémie était associée à l’ampleur des symptômes dépressifs chez des personnes au régime, mais dont le poids avait atteint un plateau. Une autre recherche a établi un lien entre une glycémie peu élevée, de courtes nuits de sommeil et la propension au gain de poids. Enfin, leurs plus récents travaux ont mis en lumière le fait que le travail intellectuel à l’ordinateur induisait des fluctuations de glucose qui stimulaient la prise alimentaire spontanée.
«Comme le prédit la théorie glucostatique de Mayer, les facteurs qui favorisent une hypoglycémie modérée ou une instabilité du glucose sanguin peuvent induire une augmentation de la consommation d’aliments, l’embonpoint et l’intolérance au glucose», résume le professeur Tremblay. L’accumulation de graisses qui en résulte serait donc un mécanisme servant à se prémunir contre une hypoglycémie modérée. «Les risques associés à l’embonpoint constituent toutefois le prix à payer d'un pareil mécanisme», souligne le chercheur.